La section Un Certain Regard s’ouvre aujourd’hui avec la présentation  Des Chats Persans de Bahman Ghabadi. Le réalisateur iranien avait déjà fait sensation à Cannes en remportant en 2000 les prix de la Caméra d'Or et de la critique internationale avec son premier long métrage Un temps pour l'ivresse des chevaux.

Il revient cette année avec un portrait, tourné à Téhéran dans l’urgence et la clandestinité, d’une jeunesse iranienne bridée et brimée. A travers le parcours de deux musiciens en quête de papiers pour l’Europe, Bahman Ghabadi montre l’effervescence culturelle qui anime secrètement sa ville et la violente répression orchestrée par les autorités.

"En Iran, la musique occidentale doit se cacher dans les sous-sols, explique-t-il. Lorsque je suis allé au cœur de Téhéran et que j’ai descendu les escaliers sombres pour en écouter, j’ai découvert un monde étrange, différent et fascinant. Un monde caché que peu d’habitants de cette ville ont pu voir ou entendre. J’ai aperçu l'univers de ces jeunes, vu leur vraie vie : leurs soucis artistiques, les dangers encourus, les arrestations de la police, les coups de fouet, tout cela parce qu’ils aiment la musique… Je me suis dit qu’il fallait faire ce film."

A l’instar du réalisateur chinois Lou Ye, en compétition cette année avec Nuits d'ivresse printanière, Bahman Ghabadi doit contourner la censure dans son pays pour faire aboutir ses projets. "Nous n’avions pas d’autorisation. Les repérages puis le tournage ont été faits sur deux ou trois motocyclettes et nous avons commencé à tourner sans réelle préparation. Les scènes devaient être tournées rapidement pour que la police ne puisse pas nous repérer."