Deux décennies de passion et de découvertes dédiées au meilleur de la création documentaire et du cinéma du réel !

Il y a 20 ans déjà, nous voulions que les Escales Documentaires soient un évènement convivial où l’on se ressource, où l’on échange, où l’on se frotte à la création des uns et à la critique des autres. Un rendez-vous festif où naissent des vocations, des projets.

Nous voulions que ce cinéma-là redevienne populaire comme au temps des frères Lumière.

Nous voulions créer les conditions propices à l’émergence d’émotions fortes, de prises de conscience, de chocs cinématographiques. Nous voulions que tous les films présentés aient cette particularité de stimuler notre capacité à appréhender les choses différemment, qu’ils résonnent en nous longtemps… Il fallait que ces films, qui étaient souvent l’aboutissement d’un combat acharné, vivent au-delà de leur diffusion télé, au-delà même du refus quelquefois des chaînes de les programmer, au-delà du cercle de leurs auteurs, il fallait que ces films se confrontent à un vrai public dans une vraie salle de cinéma, il fallait ouvrir la cage cathodique, laisser s’envoler ces images, se donner les moyens de toucher le cœur des gens…

Nous avons voulu vous donner le goût du documentaire.

Encore une fois ce Festival, né de ce désir de partage, va vous offrir ces moments magiques où le courant passe, où l’on a la sensation d’avancer, de vivre des rencontres qui vont changer notre regard.

Notre mission a toujours été de documenter, avec suffisamment de recul, le présent pour mieux le comprendre et lui donner des perspectives.

Mais l’avenir est aujourd’hui masqué, la crise sanitaire joue au chamboule-tout, dans un bruit de boîte de ferraille fracassée, nos repères roulent au sol, on se croirait dans un documentaire d’anticipation… Nos préoccupations d’hier paraissent soudain très décalées.

Cette rupture brutale, c’est le thème transversal qui s’impose en ce vingtième anniversaire et année du COVID, la rupture et le changement comme éléments déterminants redéfinissant le processus de créativité, qu'il soit artistique, économique ou même intime.

Ce moment de bascule, que l’on retrouve au détour des œuvres les plus marquantes des cinéastes que nous mettons en lumière : chez Sébastien Lifshitz sur le plan individuel (changement de genre), comme chez Robert Kramer sur le plan collectif (changement de paradigme), chez Stéphane Mercurio qui explore les marges de notre condition humaine ou Nino Kirtadzé qui éclaire l’engagement déterminant de ceux qui résistent au pouvoir au risque de leur vie.

Contre-pouvoir / Contre-culture, ces deux mots sont au cœur du Festival car ils expriment le rôle et la fonction du cinéma documentaire dans nos sociétés. Deux mots qui illustrent la trajectoire des Escales Documentaires depuis leur création, en offrant un écran, un public, une tribune, à des films « que l’on ne voit pas ailleurs », à des auteur(e)s qui s’emparent d’une caméra pour dire leur vision du monde, plongeant dans le quotidien d’hommes et de femmes ordinaires, partageant cette expérience de faire de nos vies communes des chefs d’œuvres singuliers.

« Quelle part le cinéma peut-il prendre à la reconfiguration d’un peuple et à sa relance » interroge avec beaucoup d’acuité le philosophe et écrivain Alain Brossat (Des peuples et des films éd. Rouge profond).

En écho à ce questionnement, notre Festival s’est ouvert à toutes les formes de création documentaire : de la photographie au podcast, des arts de la rue au webdoc…

À travers ces différents modes d’expression du réel, c’est une autre image de l’humanité et de nous-même que cinéastes et créateurs nous offrent en miroir.

Une image qui nous interpelle toujours comme lorsque l’on passe devant une vitre teintée et que l’on est surpris par sa propre silhouette…

Plus d’info sur www.escalesdocumentaires.org

Didier Roten

Président des Escales Documentaires