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Martin Scorsese Masterclass in Cannes

 

 

 

Abolfazl Jalili & les enfants sauvages

Fidèle du film sur et pour les enfants, et abonné aux problèmes
de censure dès son premier film en super 8, La Gale (1987), le
cinéaste iranien Abolfazl Jalili prend encore des risques en abordant,
dans Delbaran, le sujet brûlant des réfugiés afghans
clandestins en Iran, à travers le destin d'un enfant du désert.
Produit par T Marks Inc., une branche d'Office Kitano, Delbaran a obtenu
la Montgolfière d'Or du 23ième Festival de Nantes et le prix du
jury du 2ième festival Tokyo Filmex.

Quand avez vous commencé à vous intéresser au sujet
des réfugiés clandestins afghans en Iran?

Depuis la révolution iranienne il y a 22 ans, il y a eu beaucoup de
guerres en Afghanistan et beaucoup de réfugiés afghans en Iran
- plus de deux millions, qui travaillent dans le secteur du bâtiment,
dans des conditions très précaires. Je les rencontre dans les
rues, je les vois beaucoup, et puisque je travaille beaucoup avec les enfants,
j'ai décidé de faire aussi un film sur les enfants afghans. Je
suis toujours resté en contact avec les jeunes acteurs de mes films.
Par exemple, l'acteur d'Une Histoire Vraie, dont je vous montre la photo,
s'est marié. J'ai donc toujours gardé des nouvelles de mes acteurs,
sauf de l'enfant afghan de Delbaran, qui est reparti en Afghanistan.

Comment avez vous trouvé l'interprète de Kaim? (de son vrai
nom Kaim Alizadeh, ndlr)

Je cherche des acteurs dans les rues si un film concerne la vie des rues, et
je vais les chercher dans le désert s'il concerne le désert. J'ai
découvert cet enfant dans le désert central de l'Iran. Il était
berger. Il m'a fallu un mois pour le convaincre de jouer dans ce film. Parce
que les afghans n'aiment pas le cinéma et ne veulent pas jouer dans des
films. Je me souviens que le premier jour que je suis allé le voir pour
lui demander de jouer dans le film, j'ai pris un camescope pour le filmer. Et
quand je lui ai demandé de jouer, il a pris des pierres et les a jetées
sur moi. Parce qu'il disait non, il ne voulait pas jouer dans ce film. Mais
après on est allés voir le groupe d'afghans avec lequel il était
venu en Iran, j'ai parlé avec le chef, et j'ai obtenu l'autorisation
de le faire jouer. Parce que les afghans, où qu'ils aillent, choisissent
un chef et lui obéissent.

Vous saviez en faisant ce film que vous traitiez d'un sujet très
délicat, sensible, voire dangereux. Avez-vous eu des craintes par rapport
aux autorités iraniennes?

Quand j'ai commencé ce film, il n'y avait pas encore de guerre entre
les Etats Unis et l'Afghanistan. Au début, c'était quand même
un projet dangereux parce que je défendais les afghans (luttant contre
les talibans, ndlr). Et puisque le gouvernement iranien était contre
les talibans, je me suis dit qu'il allait peut-être aussi être contre
ce film. Mais moi je voulais avant tout défendre les droits des enfants
afghans, et je me sentais donc obligé de faire ce film. Mais comme je
ne pouvais pas dire trop clairement dans le film ce que je pensais, j'ai choisi
de le dire symboliquement. Si je ne l'avais pas fait ainsi, j'aurais sans doute
eu de gros problèmes avec les autorités iraniennes.

En même, votre film dénonce tout autant l'attitude des autorités
iraniennes qui expulsent les réfugiés afghans que l'ignominie
des talibans...

(Il acquiesce) C'est vrai. Je dis que d'un côté les talibans provoquent
l'exil des afghans, et donc de milliers d'enfants afghans, et de l'autre côté
les autorités repoussent ces enfants vers l'Afghanistan. Et à
la fin du film, c'est l'enfant qui décide de prendre son destin en main.

Et par rapport au coeur du film, qui est le sujet des réfugiés
clandestins, très mal vus par les autorités iraniennes, a t-il
été difficile de présenter le projet à la censure
iranienne, et le film a t-il été fait d'une manière un
peu secrète?

Je ne peux pas tout vous révéler, mais je pense que vous pouvez
comprendre beaucoup de choses en voyant le film. Les clandestins afghans en
Iran se retrouvent quand même à construire les camps militaires
du gouvernement iranien! Les maquettes de missiles que vous voyez dans le film
sont les symboles des camps militaires iraniens.

Finalement, dans ce film, c'est l'enfant qui fait tout, parant à
l'inertie des adultes...

Quand je choisis les enfants pour jouer dans mes films, je ne regarde pas s'ils
sont bons acteurs. Je leur apprends comment supporter les difficultés
de la vie. Je leur dis que quand j'avais le même âge, j'avais les
mêmes problèmes. Comme eux, j'ai beaucoup travaillé. Mais
voilà, je suis devenu réalisateur. Alors, je leur dis qu'eux aussi,
par le travail, peuvent vaincre les difficultés. Et quand ils acceptent
l'éventualité qu'ils peuvent réussir, alors je les accepte
dans mes films.

Vous nous avez dit tout à l'heure que depuis le film, Kaim était
reparti en Afghanistan et que vous n'aviez plus de nouvelles de lui. Est-ce
que, malgré les inquiétudes que l'on peut avoir à ce sujet,
vous avez de l'espoir par rapport aux nouvelles capacités de cet enfant,
et pensez-vous lui avoir transmis le flambeau dont vous venez de parler?

La mentalité de cet enfant a été tout fait changée
grâce à ce film. Avant, il avait beaucoup de stress, de craintes.
Par exemple, au début, quand il rencontrait des étrangers, ou
mes amis, il avait très peur. Mais après, il a commencé
à accepter les étrangers et s'est familairisé avec des
amis français et japonais. Pour moi et d'autres personnes, il était
devenu un ami, et quand il est reparti en Afghanistan, il était devenu
un homme. Il se voyait lui-même comme un homme. Je crois que son retour
en Afghanistan sera un succès.

Il y a un personnage que nous avons trouvé extraordinaire dans le
film, celui de la vieille dame unijambiste, Khale, qui a recueilli l'enfant...

Pendant les repérages, il n'y avait aucune femme qui acceptait de jouer
dans le film, par peur de leur homme. J'étais désespéré.
Finalement, j'ai demandé à quelqu'un d'aller voir cette femme
et de lui demander si elle accepterait de jouer dans mon film. Quand nous étions
en train de préparer l'auberge, le café, j'ai vu une voiture qui
s'arrêtait, et une femme unijambiste en est descendue. Nous nous sommes
serrés la main, elle m'a embrassé - ce qui est interdit dans cette
région - et elle m'a dit qu'elle allait jouer dans mon film parce qu'elle
m'aimait et qu'elle n'avait peur de rien! (rires) Mais elle m'a demandé
de finir le film vite parce qu'elle sentait qu'elle allait mourir! Mais jusqu'à
présent, elle est vivante! (rires) Parfois, je lui envoie des messages
demandant si elle est vivante, et elle me répond que oui! (sourire)

J'aime beaucoup la scène où elle se montre très forte,
intransigeante avec le policier. Est-ce une scène qu'elle a jouée
de manière très naturelle, ou y a-t-il eu une direction particulière
pour la mettre dans cet état émotionnel?

Quand je tourne, je veux que les membres de mon groupe se connaissent au point
de former une véritable famille. Quand je voulais filmer cette scène,
j'ai dit à cette femme: "Si tu ne défends pas ce garçon,
il va partir pour toujours en Afghanistan. De toutes les façons, tu dois
défendre ce garçon contre le commissaire!" Alors, elle a
joué avec tout son coeur. Parfois, je parlais au milieu de la prise avec
les acteurs. Ainsi, je restais à côté de l'ingénieur
du son. Quand je voulais parler avec les acteurs, je coupais le son, et tout
de suite après, je le remettais! Quand les acteurs jouent, je reste à
leur côté, je les encourage, ils sentent ma présence. Sans
qu'ils me voient, je fais des gestes d'encouragement, et je sais qu'ils me sentent.
Pendant le tournage d'une scène, je suis très tendu. Après,
je me sens épuisé, mais détendu! (rires) Quand un plan
a été tourné et que j'en suis satisfait, je relâche
toute la tension... (sourire)

Pouvez-vous commenter le choix de représenter la guerre essentiellement
hors-champs, par le son?

Je travaille toujours beaucoup sur le son dans mes films. Quand on frappe des
mains dans une baignoire remplie d'eau, on n'entend rien. Mais si on plonge
la tête dans l'eau, on entend un son complètement différent.
Et si l'on veut entendre ce son, il faut prendre le son dans l'eau ou créer
un effet. De même, mes films comportent beaucoup d'effets sonores travaillés
en postproduction, pendant le montage. J'enregistre beaucoup de sons d'ambiance,
puis je les retravaille beaucoup au montage. Je ne suis jamais allé dans
une école de cinéma, mais j'ai gagné beaucoup d'expérience
dans tous les domaines du tournage et du montage. J'enseigne d'ailleurs à
l'université deux heures par mois. Beaucoup d'élèves assistent
à mes cours, parce qu'il savent que je peux leur dire en deux heures
ce qu'ils vont apprendre en une année. Voilà! (rires)

Le film a une narration en vignettes et très elliptique. Pouvez-vous
parler de vos choix formels et nous dire s'ils s'accordent à un script
très construit où sont fondés sur une constante improvisation?

A la base j'écris une petite histoire. Ensuite, je vais dans les quartiers
où je veux filmer puis je travaille là-bas, j'ajoute beaucoup
de choses à l'histoire, je l'étends. Après, je choisis
mes acteurs et je parle de l'histoire avec eux. Je n'ai pas de script mais le
scénario est dans ma tête, et je vois toute l'histoire. Jour après
jour, je fais le découpage. Il m'arrive de changer des éléments
de l'histoire ou du découpage que j'avais prévus. Tous les découpages
de mes films sont par essence très rythmiques: panoramique, plan large,
plan serré, travelling, etc. J'essaie de ne jamais faire deux plans semblables.
C'est toujours rythmique, autant l'image que le son. Chaque plan demande beaucoup
de préparation et de travail. Parce que j'aime avoir une image naturaliste,
sans éclairage artificiel. Alors, en extérieur, il faut toujours
attendre et guetter les meilleures conditions lumineuses. Des fois il y a trop
d'ombre, des fois trop de lumière. Dans le désert, la nuit, il
n'y a pas du tout de lumière, tout est noir. Et souvent, le jour, la
lumière est bleutée. Or, je n'aime pas ça. Il fallait donc
beaucoup travailler sur la lumière naturelle pendant le tournage. Chaque
plan est comme un tableau. Et filmé avec un téléobjectif
250 mm. Cela donne l'impression que les acteurs sont toujours prêts de
vous. Mais en fait ils sont très loins! Surtout dans les plans larges!
Souvent je devais hurler: "Kaim, reviens! Kaim, vas par là!"
D'habitude, je suis quelqu'un d'assez silencieux et calme. Mais là, pendant
le tournage, je devenais comme fou! (rire)

Votre film traite d'un sujet très grave, mais il est aussi humoristique...

Oui, tout à fait. Je n'aime pas aller trop dans le drame, j'ai l'impression
que ça ne sonne pas vrai, pas réel. Par exemple, quand il y a
des moments tristes, ou joyeux, je ne recours pas à une grande musique
symphonique pleine de violons! Mes films sont très abstraits, mais restent
toujours crédibles. Parce que je crois avant tout en la vie. Aussi, je
n'aime pas travailler avec beaucoup de professionnels sur le plateau. Il y a
toujours une équipe réduite sur mes tournages, et j'aime faire
appel à des étudiants.

Comment avez eu l'idée de ces voitures et motos qui tombent toujours
en panne?

(sourire) J'aime beaucoup les voitures et les motos, mais malheureusement elles
tombent toujours en panne, quelles que soient les marques! Nissan: en panne;
BMW: en panne; Bedford: en panne. Heureusement, il y en a toujours une pour
remorquer l'autre, comme dans le film! (rires) Ou il y a toujours quelqu'un
pour pousser! Finalement, ces engins marchent toujours grâce à
l'énergie des hommes!

Ce qui est intéressant - et drôle - c'est que ces hommes font
la paix quand un véhicule est en panne et nécessite un effort
collectif, mais se battent aussitôt qu'il est reparti!

C'est vrai! Par exemple, si je suis avec vous et qu'il y a un problème
entre nous, il est presque sûr qu'on va se disputer. Mais si c'est un
problème auquel nous devons tous les deux faire face, nous allons nous
serrer les coudes, comme des amis! (rires) Ainsi, d'habitude, le gouvernement
iranien est plutôt dur avec son peuple. Mais maintenant que les Etats
Unis sont prêts du pays, réglant leurs comptes avec l'Afghanistan,
le gouvernement est très gentil, de peur que les Etats Unis n'interviennent
aussi en Iran! (rires)

Etes-vous allés en Afghanistan avant de faire ce film?

J'y suis allé il y a deux ans, mais pas pour ce film. Je ne suis pas
allé très loin à l'intérieur, car l'Afghanistan
est un pays dangereux. Les musulmans afghans sont très différents
des iraniens. Les musulmans iraniens, et une partie des iraquiens, sont chiites.
Les chiites sont plutôt pacifiques. Par contre, les musulmans sunnites
arabes, afghans et pakistanais sont plus agressifs. Ben Laden, pour moi et pour
le gouvernement iranien, n'est pas un musulman. Il n'est qu'un millionnaire
saoudien.

Avant de remporter le grand prix de Nantes, Delbaran a remporté
le prix du Jury au Festival Tokyo Filmex...

(rires) J'aime beaucoup de manière générale le Japon et
les gens de ce pays. J'ai beaucoup d'amis à Tokyo, je suis assez connu
là bas. Au festival de Tokyo Filmex, le président du Jury a beaucoup
aimé le film, mais m'a dit: "Comme il y a beaucoup de jeunes réalisateurs
qui ont besoin de soutien, on a préféré te donner le prix
du Jury". Delbaran a aussi recueilli le prix du public par un vote
internet.

Votre film a été coproduit par T Marks Inc., une branche d'Office
Kitano. Comment s'est passée la prise de contact avec cette société
de production japonais?

La plupart de mes films ont été présentés à
Tokyo. La personne qui gére T Marks, Shozo Ichiyama, les a beaucoup aimés
et m'a rapidement contacté. Office Kitano/ T Marks Inc. m'ont beaucoup
aidé pour ce projet, et j'espère encore travailler avec eux à
l'avenir.

Quels sont vos projets actuels?

J'ai actuellement deux projets en France. Un des projets est un long métrage
de fiction, avec Irène Jacob et Jean Pierre Léaud, à Paris
et à Lyon. Mais depuis deux ans nous avons beaucoup de problèmes
pour trouver des financements. Il y a aussi beaucoup de problèmes de
bureaucratie en France. Il faut écrire des tonnes de dossiers. La France
est le premier pays du monde en matière de bureaucratie! En Iran, pour
faire un film, un contrat de trois pages suffit! Mais en France, mon contrat
(en français dans le texte, ndlr) fait 120 pages! Depuis trois ans, je
suis parvenu à vivre à Paris avec mes propres finances. Tout mon
argent part dans la nourriture, le logement. Au Japon, tout se fait très
vite et beaucoup plus facilement. Mais l'année prochaine, je vais faire
un court métrage à Paris pour la série "Paris Je T'Aime"
de Novemprod. Ce film va se passer dans le neuvième arrondissement de
Paris. Le projet consiste en 20 films - un par arrondissement - assignés
à 20 réalisateurs différents - Jean Luc Godard, Woody Allen...
Je vais normalement tourner mon film à partir de mai/juin 2002.

Entretien réalisé au 23ième Festival de
Nantes par Robin Gatto & Yannis Polinacci

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