« J’ai commencé à jouer à 12 ans, j’avais un petit rôle dans un film. J’ai commencé accidentellement. Je n’avais pas la vocation d’être actrice, du moins pas à cet âge là. C’est arrivé un peu par hasard. Je me suis prise au jeu et j’ai continué. » C’est en ces modestes mots que Charlotte Gainsbourg nous raconte les débuts de sa carrière. Comédienne confirmée depuis longtemps, elle s’affiche avec son mari Yvan Attal dans Ma Femme est une actrice où le couple s’amuse avec leur célébrité. Nous avons rencontré Charlotte en septembre dernier à Toronto où le film était montré en avant première mondiale.
Vous avez montré le film en avant-première mondiale à Toronto. Comment s’est passée cette première projection publique ?
On était tous les deux très nerveux. J’ai rarement été aussi impliquée dans un film. Je n’ai pas participé à l’écriture mais j’ai suivi tout le processus pour le première fois. J’ai beaucoup d’ambition pour ce film, car il me touche de très près. On avait hâte d’avoir la réaction du public et il a très bien réagi. C’est vrai qu’avec une comédie, on a la réaction tout de suite. Dès les premières images, les gens ont marché et cela ne s’est pas arrêté jusqu’à la fin. Ca change tout de voir le film en public. Je réalise que ça fait deux ans qu’Yvan travaille dessus. On travaille sans avoir de réponses. Et là c’est les premières réactions qu’on a et c’est génial de voir que ça fonctionne.
Etait-ce difficile de jouer sous la direction de son propre mari ?
Oui, c’est plus difficile qu’avec un autre. J’étais très nerveuse, j’avais peur de le décevoir car c’est la personne que j’admire le plus, en qui j’ai le plus confiance et c’était très important pour moi de l’épater, de sentir que j’étais à la hauteur. Lui aussi avait les mêmes sensations. C’était à la fois très excitant et très traumatisant.
Peut-on dire que Ma Femme est une actrice soit un film autobiographique ?
C’est autobiographique parce que je joue une actrice et qu’on est ensemble dans la vie, bien sûr. Et puis il y a plein d’anecdotes qu’on a vécu effectivement. Mais en même temps c’est une comédie. Et c’est ce qui fait que ça passe. Si Yvan avait écrit un drame un peu nombriliste sur nous, cela m’aurait rendue nerveuse. Le film n’est pas prétentieux en ce sens-là. On ne se met pas en avant, cela fonctionnerait tout aussi bien avec deux autres acteurs. Il y a un plus pour les gens qui savent qu’on est ensemble. Peut-être parce qu’on y croit plus et qu’Yvan a joué avec ça.
Avez-vous hésité avant d’accepter le rôle ?
J’ai pu être nerveuse à un moment donné, parce que j’ai toujours été discrète sur ma vie privée et j’avais peur que ce soit un piège, qu’il y ait une confusion qui ne nous rende pas service. Je me disais que c’était risqué. Mais une fois que j’ai vu dans quel état d’esprit on partait, j’était rassurée. Il y a une distance, une drôlerie, Yvan se moque de nous et j’ai l’impression que le public le comprend bien.
Vous ne craignez donc pas la réaction du public en France, qu’il y ait un amalgame entre votre personnage et vous ?
Je pense que le film parle en lui-même, qu’il y a une légèreté, une dérision qui fait qu’on ne peut pas se prendre au sérieux. Peut-être qu’il y aura un amalgame de fait, mais en même temps Yvan joue avec ça aussi. Mais je ne pense pas qu’on puisse perdre les pédales avec ça. On va rester très simple et voilà !
Votre mère est anglaise, votre père français et le film se passe en partie à Paris et en partie à Londres. Etait-ce important pour construire votre personnage ?
J’ai pas pensé à ça. Je pense qu’Yvan avait des raisons très précises de faire que le film que je tourne dans le film se passe à Londres pour créer une distance. J’ai eu beaucoup de plaisir à jouer à la fois en français et en anglais, cela arrive rarement dans un film. C’était agréable de pouvoir jouer sur les deux registres. Mais ce n’était pas une ambition particulière.
Quelle ville préférez-vous, Londres ou Paris ? C’est une question qu’on vous pose dans le film.
(Sourires ) Paris, c’est ma ville natale, j’y vis, je me sens très parisienne. Londres, c’est une ville que je connais bien parce que j’ai de la famille là-bas. C’est une deuxième patrie mais j’ai plus d’affinités avec la France quand même.
Le film étonne par son humour. Yvan semble en avoir beaucoup, est-ce la chose qui vous a séduite chez lui ?
C’est vrai que j’aime beaucoup rire… Mais c’est difficile de parler de quelqu’un qu’on aime, de dire pourquoi on l’aime, c’est très intime ! Je peux parler de ses qualités et de son talents de metteur en scène que j’ai découverts, dont je ne doutais pas du tout. Je l’ai vu porter toutes les casquettes : diriger les acteurs, être devant la caméra, nous donner des indications pendant qu’on tournait, il a eu une activité incroyable pendant ce tournage et une énergie que je ne soupçonnais pas. Je ne pouvais pas me l’imaginer comme ça !
Donc il vous a épatée ?
Il m’a épatée, oui ! (rires)
Entretien réalisé au Festival de Toronto en septembre 2001 par Julie Remy