« Rares sont les artistes qui ont excellé à la fois dans la photographie et au cinéma, ces deux moyens d’expression si proches et si différents. Jerry Schatzberg est de ceux-là. »
Michel Ciment
Directeur de la publication et membre du Comité de rédaction de la revue Positif
Photographié avec Michel Ciment devant son portrait aux yeux fermés, curieux pour un critique de cinéma :-)
"Jerry Schatzberg est un jeune cinéaste photographe de 91 ans toujours en activité.
Il a travaillé pour Vogue, Esquire, Glamour … dans les années 50 et 60.
Jerry fait partie de cette génération de photographes tels que William Klein et Frank Horvat qui a fait descendre la mode dans la rue.
Il a obtenu la Palme d’or au festival de Cannes en 1973 pour son film L’Epouvantail.
Son deuxième film, Panique à Needle Park, une histoire d’amour crépusculaire tournée à New York dans l’univers de la drogue en 1971 s’inscrit dans les grands films du 20e siècle.
Nous présentons à Chamarande un ensemble de photographies qui retrace son parcours.
Jerry a passé les 14 premières années de sa vie dans le Bronx.
Son regard est à jamais imprégné par la philosophie de ce quartier de New York. On retrouve ce climat dans ses photographies.
Pour exemple, quand il photographie Bob Dylan dans son studio, il réalise une des photos parmi les plus réussies lorsque Dylan se masque le visage avec sa main.
Lors du 1er défilé de Yves Saint-Laurent à Paris en 1962, il photographie une jeune femme assise au chapeau blanc à son insu lorsqu’elle se baisse vers le sol.
Ces deux clichés présents parmi de nombreux autres dans cette exposition reflètent parfaitement l’humanité et le talent de Jerry Schatzberg."
Schatzberg est un des meilleurs photographes de sa génération. Il cherche à établir une relation intime avec ses modèles pour en saisir leur personnalité. Photographe abouti, il réalise autant des portraits d’artistes (Bob Dylan, Faye Dunaway, Mick Jagger avec les Rolling Stones, Andy Warhol, Jimmy Hendrix, Catherine Deneuve…) que des paysages ou des instantanées de la vie urbaine.
Olivier Lorquin
Président de la Fondation Dina Vierny – Musée Maillol
Commissaire de l’exposition
Off Grand Concourse :
Une rétrospective de Jerry Schatzberg
En 1894, l’ingénieur civil Louis Aloys Risse conçut une artère au sein du Bronx qui s’avèrera être une imitation des Champs-Élysées. Quinze ans plus tard, les quatorze millions de dollars investis permirent d’achever la construction du Grand Boulevard and Concourse.
Ce dernier devint rapidement la référence géographique pour les habitants du Bronx, que leur lieu de résidence soit situé à un pâté de maison ou à plusieurs kilomètres. Cependant, malgré l’opulence de l’aménagement du paysage ainsi que les somptueux immeubles de style art déco parsemant ladite voie, le prestige de son homologue français ne fut jamais vraiment égalé et Louis Aloys Risse ne parvint pas à matérialiser sa vision. Cela fut principalement dû au fait que le Bronx ne possédait pas l’héritage culturel ainsi que le degré de sophistication de Paris.
Toutefois, bien que ce quartier en constante mutation soit traditionnellement marqué par sa population marginalisée composée d’immigrants, il a été le berceau d’innovations excitantes, conférant de ce fait une certaine importance au terrain, d’une façon différente, certes, de ce qui était voulu au départ.
Le photographe Jerry Schatzberg a littéralement passé les quatorze premières années de sa vie sur le Grand Boulevard and Concourse, absorbant la culture de ce qui était devenu, de façon fortuite, un creuset d’intégration pour les premières, deuxièmes et troisièmes générations d’immigrants.
Un gigantesque vivier composé d’artistes de talent naquit de l’esprit de compétition ainsi que de l’ingéniosité des individus en quête d’un logement abordable séjournant dans le Bronx. Bien qu’il faille davantage se battre et avoir recours à plus d’imagination et d’esprit d’innovation afin de prospérer en tant qu’immigrant aux États-Unis, l’avantage de vivre en retrait est que l’on bénéficie d’une plus grande marge pour prendre des risques, faire des erreurs et se jouer des conventions, surtout lorsque personne ne nous prête attention.
Ainsi, l’idéologie qui se cache derrière Off Grand Concourse se matérialise de façon organique du fait des années formatrices du photographe sur place ainsi que des collaborations durables avec le quartier du Bronx.
De la même façon que Off Broadway dont le fonctionnement dans le monde du théâtre est assimilé à un espace sûr pour expérimenter et explorer des perspectives fluctuantes, Off Grand Concourse représente ceux vivant en marge et désireux de défier le conventionnel avec audace, bizarrerie, mais également une certaine dose de cran et de force d’âme.
De nombreux enfants d’immigrants ont contribué de façon inestimable à la culture nord-américaine en relevant de nouveaux défis dans leur domaine respectif. Même si les éloges qu’ils reçoivent attirent l’attention du grand public, leur enracinement profond à Off Grand Concourse continue de les modeler.
INFORMATIONS PRATIQUES
Domaine départemental de Chamarande
Accès
Situé à 30 km d’Évry et à 35 km au sud de Paris,
le site est accessible par :
> RER C, gare de Chamarande, à 200 m du Domaine
> N20, entre Arpajon et Étampes, sortie Étréchy-Chamarande
Horaires
Exposition ouverte au château (libre accès) :
mercredi-jeudi-vendredi • juin-septembre, 14h-19h
samedi-dimanche • juin-septembre, 13h-19h
Le parc est ouvert tous les jours de 9h à 20h (juin-septembre)
Artiste représenté par la Galerie Dina Vierny / France.
36 Rue Jacob – Paris 6ème
|