|
||
Pro Tools
FILMFESTIVALS | 24/7 world wide coverageWelcome ! Enjoy the best of both worlds: Film & Festival News, exploring the best of the film festivals community. Launched in 1995, relentlessly connecting films to festivals, documenting and promoting festivals worldwide. Working on an upgrade soon. For collaboration, editorial contributions, or publicity, please send us an email here. Connexion utilisateur |
Jean-Pierre Améris : A la vie, à la mort"Je ne voulais pas faire un film fait-de-société, sur le palliatif, la fin de vie..." explique Jean Pierre Améris à propos de son dernier film, C'Est La Vie, décrivant les derniers jours d'un malade, interprété par Jacques Dutronc, dans une clinique peu ordinaire. Loin du constat documentaire, Améris signe un film lumineux réconciliant les êtres avec la vie, l'amour, l'altruisme, d'autant plus fort qu'il puise dans l'intimité même de son réalisateur. Jean Pierre Améris dévoile pour nous la génèse et les secrets d'un film récompensé par le Prix du Meilleur Réalisateur au Festival de San Sebastian 2001. Pouvez-vous nous raconter la génèse très particulière de ce film ? Ce film, je dois vous l'avouer, est un peu plus qu'un film pour moi. Ça a été vraiment une expérience, beaucoup de rencontres et de découvertes. La première rencontre s'est faite avec Marie De Hennezel, qui avait écrit en 1995 "La Mort Intime", un livre de témoignage dans lequel elle racontait son expérience de psychologue auprès de personnes en fin de vie, en hôpital à Paris. C'était un livre formidable, un témoignage qui m'a passionné. Elle montrait qu'on pouvait parler de la fin de vie, de notre côté mortel, sans faire une oeuvre déprimante. Donc avant d'écrire le scénario, j'ai rencontré Marie pendant trois mois, une à deux fois par semaine. Je lui ai dit que je ne voulais pas faire un film en hôpital, et elle m'a dit: "Tiens, je vais t'emmener dans un endroit qui s'appelle La Maison, qui est à côté d'Aix en provence". C'était le 22 décembre 1998, j'y suis allé avec elle, j'avais un peu peur, mais dès que je suis entré là, j'ai senti qu'il se passait quelque chose... Et le lieu que vous voyez dans le film, je l'ai reconstitué, mais c'est nourri de tout ce que j'ai vu là-bas pendant un an en écrivant le scénario. Il y a des choses qui ne me seraient jamais venues à l'esprit. Jamais je n'aurais pensé faire une scène de mariage, des scènes de blague. Et c'est parce que j'ai vu là tout ce à quoi on ne s'attend pas quand on va dans un centre de fin de vie. La Maison a été créée en 1994, au départ pour les malades du SIDA. C'est toute une équipe qui a dit: "C'est trop affreux de voir comment les malades du SIDA meurent dans les hôpitaux, un peu comme des chiens. Donc, il faut créer un lieu où, au moins, même si la médecine ne peut plus rien pour eux, les gens seront bien". Et ils ont créé ce lieu en 1994, qui accueille 12 malades. La décoration est chaleureuse, d'inspiration marocaine, avec des couleurs ocres. Ils ont pensé à tous les détails; les lits, déjà, ne sont pas à barreaux métalliques, mais en bois. Et puis, surtout, ce qui préside à cette équipe, c'est que tout le monde soigne, le médecin, les aides-soignants, les infirmières, mais aussi le cuisinier! Et le cuisinier que vous avez vu dans le film, c'est véritablement le cuisinier de Gardanne. Il s'appelle Thierry, et vous ne pouvez pas savoir le bien qu'il fait à tout le monde, parce que d'abord on y mange très bien, et il fait redécouvrir à des gens malades le plaisir de la bouffe, de vivre par la nourriture. Il y a donc 12 malades pour 35 personnes à La Maison, soignants et bénévoles, et c'est l'assistance publique, pas le privé. Une infirmière par exemple, peut passer deux heures l'après midi à boire un café sur la terrasse au soleil, en discutant avec un malade, et ça lui fait du bien. Je suis donc resté là-bas un an, pendant tout 1999, j'ai écrit le scénario avec ma compagne, Caroline, nourri de toutes les réalités. Ce qui m'a vraiment donné envie de faire le film, le véritable détonateur, ça a été le premier déjeuner que j'ai fait là-bas. J'avais un peu peur, et puis un résident du nom de Gérard, la quarantaine, me dit: "Tu vois, c'est l'endroit où j'aurai été le plus heureux de toute ma vie..." Et dès le premier jour, j'entendais parler de bonheur, et c'est ce que j'ai essayé de montrer dans le film. Que disiez-vous aux malades par rapport aux intentions de votre projet et que vous répondaient-ils ? Tous les malades que je rencontrais, je leur disais: "Je vais faire un film de cinéma. Je ne sais pas faire du documentaire. Mon moyen d'expression, ce sont les sentiments, les histoires d'amour..." Et eux me disaient: "Essaie de faire passer dans ton film que le plus dur quand on est malade, c'est le sentiment d'exclusion. On voit bien que l'autre a peur, les amis, la famille s'éloignent de nous, on a l'impression de ne plus faire partie de la communauté humaine. Donc essaie de dire que ça vaut le coup de surmonter la peur, de prendre la main..." C'est donc nourri de tout ça que j'ai fait le film. Bien que le personnage de Jacques Dutronc soit un solitaire, vous avez fait un film sur la beauté du groupe. Peut-être pour la première fois de votre carrière, d'ailleurs... Je n'ai jamais pensé: "Je vais un faire un film fait-de-société, sur le palliatif, la fin de vie..." Je me suis projeté dans cette situation. Je ne suis pas très groupe moi-même, et là, pourtant, ce que j'ai vu, c'est la beauté du groupe. Et je me suis dit: "A la fin de ma vie, je crois que j'aimerais être comme ça, lié aux autres..." Le film est donc devenu l'histoire de cet homme solitaire, replié sur lui même, qui pense qu'il n'a plus rien à attendre de la vie, qui est plein de carapaces, et qui va en fait se griser de liens. Et moi, comme cinéaste, j'étais exalté. Le fait d'être parmi tous ces gens me donnait une urgence de vivre, une envie de donner quelque chose de positif. Mon motif était de filmer des gens qui essaient de se rapprocher. Des gens qui ont la trouille, des corps qui se blotissent, mais des mains qui se prennent. Et moi qui ne suis pas quelqu'un de très physique, j'ai eu envie justement de filmer ça, comment on fait pour se rapprocher les uns des autres, comment on comble cette petite distance entre nous... Moi, je n'y arrive pas. C'est donc pour ça que j'ai fait le film. Avant de faire le film, mon père a subi une opération très grave, j'étais dans sa chambre, et j'étais à deux mètres de lui, parce que voilà, dans ma famille, on ne se touche pas... Et quand on se fait la bise à Noël, ça ressemble à un coup de tête... Et je me suis dit: "Pourquoi on n'y arrive pas? Quand mes parents ne seront plus là, je me dirai: 'Mais quel couillon! Pourquoi tu n'y a pas été plus? Pourquoi t'as pas réussi à prendre la main?" J'ai donc voulu, sans donner de leçon, explorer ça, pourquoi, pendant qu'on est vivant, on n'arrive pas à dire aux gens qu'on aime qu'on les aime... Outre Jacques Dutronc et Sandrine Bonnaire, le casting du film est très hétéroclite... Le sujet du film étant le groupe, pour moi, il était clair dès le début que le casting serait très hétéroclite, avec des stars, et des acteurs de tous horizons. Celle qui fait Simone est Anne Grégorio, une actrice de boulevard que j'aime beaucoup, et c'est d'ailleurs la troisième fois que je travaille avec elle; il y a aussi Marilyne Canto, qui vient d'un cinéma plus intello. Et puisque c'est un film contre l'exclusion, il aurait été déplaisant, obscène même, de laisser les malades en dehors. Et je me suis dit: "Il n'y a rien de voyeur, puisqu'il veulent en être". Tous les malades que je rencontrais, ils me disaient: "On veut en être". Et la question que je leur posais, c'était: "Est ce que vous avez envie de jouer dedans?" Parce que je n'avais pas envie de les filmer en tant que malades... Moi, je crois au jeu, c'est un rappel d'enfance, c'est faire quelque chose ensemble, et dans le jeu il y a de la vérité. Donc tous les malades me disaient qu'ils voulaient participer, mais au fur et à mesure que j'écrivais le film, ils mouraient... C'est vrai ce qu'on entend dans le film. La moyenne d'espérance de vie dans ce lieu est de 31 jours. Donc ils mouraient les uns après les autres... Bernard, celui qui fait du dessin avec Sandrine, je l'ai rencontré en mai 2000. J'avais des affinités avec lui, j'avais vraiment envie de le filmer. Et lui m'a dit: "Je veux que tu me filmes". Et ça, c'est vraiment très fort pour un réalisateur. Et tout le monde me demandait: "Tu filmes quand?" Et moi je disais: "En octobre, le temps de finir le financement, de préparer le film" - "Mais tu sais, il passera peut-être pas l'été..." C'est vrai qu'il était vraiment au bout du rouleau, à cause du SIDA. Mais il a tenu... C'est vraiment le projet qui l'a fait tenir, il voulait faire partie du film, pour plein de raisons, pour faire un truc marrant, pour avoir du plaisir, pour avoir son chèque - c'est important d'être payé, ça veut dire qu'on fait encore partie du monde. Quand on faisait des prises, je ne lui disais pas: "Ah, formidable, Bernard!" Non, on travaillait, je lui disais ce qui n'allait pas. Il était content de bosser. Et puis, plus profondément, il savait qu'il allait laisser une trace, c'est ça la beauté du cinéma. Il savait qu'il ne verrait pas la sortie du film; il est d'ailleurs mort 3 semaines après le tournage au mois de novembre 2000. Il y a aussi Barbara, la dame qui se fait maquiller les ongles. C'est une dame d'origine allemande qui avait eu une vie vraiment difficile, chaotique. Et quand elle est arrivée à Gardanne, elle s'est révélée être une grande dame. Et quand je lui ai demandé si elle voulait jouer, elle m'a dit: "Mais vous ne poouvez pas savoir, c'est le rêve de toute ma vie". Donc, voilà, in extremis, elle a réalisé son rêve. En plus, elle adorait les garçons, donc elle avait un joli jeune stagiaire qui la raccompagnait chez elle tous les soirs. Et puis, elle a même improvisé, toute cette scène sur la fidélité, l'amour, est improvisée... Et puis elle me demandait: "Est-ce que vous pourriez m'écrire un rôle dans votre prochain film?" Elle fait partie des gens qui ont remonté la pente à Gardanne, ça allait mieux. C'était même un mystère de la science. Donc, ils lui ont trouvé une jolie maison de retraite, avec une chambre. Mais elle n'aimait pas les vieux, et elle est morte au bout de deux semaines... Vous avez dans votre cinéma une propension à montrer des gens qui souffrent. En connaissez-vous la raison? Eh bien, je ne sais pas. J'ai commencé une analyse il y a un an, donc je vais peut-être le découvrir... (rires) Mais c'est là ou ça souffre que l'être humain se révèle, et c'est là que j'ai envie d'aller. Mais je vais toujours dans les lieux avant d'écrire... La prison, le centre de soins palliatif... J'ai besoin de me nourrir de réalité avant d'écrire. C'est ça pour moi le cinéma. Découvrir un truc et après le raconter. En même temps, il me semble dur de faire un autre film après celui-ci. C'était une telle expérience, mêlant la vie, la réalité et le cinéma, les rencontres; pour la première fois, j'ai eu l'impression de faire mon film le plus joyeux, simple et lumineux. Auparavant je m'identifiais à des solitaires qui empruntaient des chemins bien tortueux, et là pour la première fois, c'était simple... Parlons du couple vedette du film, Jacques Dutronc et Sandrine Bonnaire. Tout d'abord, pourquoi Dutronc? C'était un choix évident ou un challenge? J'ai écrit le scénario au départ sans penser à des acteurs. Et puis à la quatrième, cinquième version, Jacques Dutronc s'est imposé à notre esprit. Du coup, pas mal de dialogues sont tombés, car on se disait: "C'est un homme peu causant..." Je lui ai envoyé le scénario et notre grande chance a été qu'il accepte rapidement. Et dès le premier rendez-vous, il y a eu une grande complicité entre nous. Et j'ai senti qu'il voyait dans ce film une occasion de déposer quelque chose de lui-même, de se laisser filmer, de surmonter une certaine pudeur, de s'abandonner... Et c'est le sujet. Et ce qui a été très beau pour moi, c'était de filmer un homme très pudique qui arrive à surmonter la barrière de la pudeur, qui arrive à raconter une blague en public, ce que Dutronc déteste, et qui arrive à se montrer dans sa faiblesse. Et plus que la maladie, plus que la fin de vie, plus que les soins palliatifs, c'est là le sujet du film. Comment arriver à s'ouvrir, à se montrer dans sa faiblesse... La réplique la plus difficile pour Jacques a été de dire à Sandrine Bonnaire, la bénévole qui accompagne son personnage dans le film : "J'ai besoin de vous..." Et c'est ça, je pense, le plus difficile dans la vie, d'arriver à dire à quelqu'un d'autre: "J'ai besoin de vous. Je suis seul, j'ai mal, j'ai peur et j'ai besoin de vous..." Donc, il n'y a rien de plus beau que de filmer un homme et un acteur pudique qui arrive à surmonter ses barrières. J'avais vraiment envie de faire un beau portrait de Jacques Dutronc, en tant qu'acteur, en tant que personne aussi. Et lui me disait: "Voilà, tu peux me filmer..." Ça s'est passé en totale confiance. Comment s'est déroulée la préparation du personnage avec Jacques Dutronc? C'est quelqu'un qui, apparemment, n'aime pas répéter... C'est vrai que Jacques Dutronc n'est pas quelqu'un qui aime répéter. Je me souviens d'être allé en Corse, où il habite la plupart du temps, avec l'intention de faire une lecture du scénario, juste pour parler. Mais il n'aime pas du tout l'idée de lecture et de préparer les choses avant. En même temps, il les prépare vraiment, en parlant et en apprenant à connaître l'autre. Il a besoin d'arriver sur le tournage après qu'on ait vraiment parlé ensemble, qu'on ait appris à se connaître, qu'on ait bu ensemble. Il a besoin d'être en confiance. Il me disait: "Pour moi, le plus important, c'est d'être à l'aise. Si tu veux que je te donne ce que tu as envie de voir et de filmer, il faut que je sois à l'aise." Et tout ça se fait donc dans des petits moments, dans des discussions, plus que dans des répétitions. Il dit aussi dans le magazine Studio que je fais beaucoup de prises, et c'est vrai que c'était parfois difficile pour lui. Je ne me satisfaisais pas des premières prises, et souvent dans le film, ce sont les quatrièmes, cinquièmes, sixièmes prises qui sont là. Il a donc fallu parfois justement creuser un petit peu, et parfois ça l'embêtait, il disait: "Pourquoi tu refais?" Mais il aimait aussi que je le cherche un peu, que je lui demande un peu plus que le mêtier, que je le force un peu... Jacques Dutronc dit n'avoir pas voulu rencontrer le personnel et les malades de La Maison. Et Sandrine Bonnaire? Il me semblait important que Sandrine Bonnaire aille à la Maison, à Gardanne. Elle y a donc été une journée, pour rencontrer des malades, des bénévoles, pour sentir l'atmosphère. Il ne s'agissait pas de faire l'Actor's Studio, de dire: "Voilà, j'ai passé 3 semaines dans un centre de soins palliatifs". Ça ne me correspond pas tout à fait. Je crois qu'on peut inventer les choses, jouer. Jacques Dutronc n'est, lui, pas allé à la Maison. Premièrement, je savais que ça ne lui plairait pas, et puis, pour rester dans son rôle de malade dans le film, il fallait qu'il découvre justement tout. Ce que raconte le film, c'est ça, la découverte de ce lieu par cet homme. D'abord, il en a peur, il veut partir. Donc pour ça, il ne fallait pas s'acclimater au lieu réel, il fallait qu'il en garde une espèce d'idée un peu inquiétante. En plus, Jacques Dutronc n'est pas du tout un acteur de l'Actor's Studio (sourire). Pourtant, j'ai beaucoup d'admiration pour Al Pacino ou Robert de Niro, mais Dutronc, ce n'est pas du tout ça. C'est vraiment un travailleur, il travaille par immersion. Pendant le tournage, à chaque fois que je passais devant sa loge, il était en train de lire le scénario. Il se plonge littéralement dedans. On a tourné le film en deux parties, une première partie à l'automne 2000, et une dernière, tout l'accompagnement de la fin, en février 2001, simplement parce que Sandrine avait eu un accident. Et ça a été difficile pour Jacques, parce que tant qu'un tournage n'est pas fini, il n'en sort pas, il est dedans. C'est vraiment troublant, et assez beau en même temps, de voir un acteur travailler par immersion. Il dit toujours, mais c'est par coquetterie, qu'il n'est pas acteur, mais c'est vrai qu'il n'est pas un acteur de composition, il se met, se plonge dans une situation, et se donne, se livre beaucoup. Et pour ça, il a vraiment besoin de se sentir en confiance. Sandrine Bonnaire est vraiment lumineuse dans ce film. J'imagine que c'est un réel bonheur de diriger une telle actrice... Je voudrais juste m'interroger sur la signification de "diriger". Diriger, normalement, c'est dire d'aller d'un endroit à un autre, etc. Et moi, je suis très concret. Quand j'arrive sur le tournage, j'ai vu le film dans ma tête. Je sais le film dans ses déplacements, je sais la mise en scène avant le tournage. Donc, quand j'arrive le matin sur le plateau, je propose des choses très concrètes aux acteurs. Mais ce que vous apportent des acteurs comme Sandrine Bonnaire et Jacques Dutronc, tout à coup, c'est le "plus". Tout d'un coup, moi, je suis le premier spectateur, et quand je vois Sandrine dans les scènes de la fin, même si elle n'est pas bénévole et que Dutronc n'est pas en train de mourir, pourtant, moi, je vois qu'elle est en train de le perdre, qu'elle l'aime vraiment. Elle est dans la scène. Ce qu'il y a de merveilleux avec Sandrine, c'est qu'elle joue complètement d'instinct. Comme Jacques Dutronc d'ailleurs, donc ils se sont bien trouvés l'un et l'autre. Ce sont deux acteurs d'instinct, ils intellectualisent assez peu les choses, ils sont dans l'instinct et dans l'instant. Et ce qui est très beau avec Sandrine, c'est que vous pouvez faire une, deux prises, c'est toujours bien, mais à la troisième, elle est traversée par quelque chose, de l'ordre d'une grâce, et moi, premier spectateur devant mon moniteur, je me dis : "Attends, quelque chose se passe, là, elle est traversée..." Et je vois soudain une vérité. Et c'est ce que je cherche, moi qui ne fais pas de documentaire, qui aime le jeu, les comédiens, la fiction, tout d'un coup je vois ce qu'il y a de beau dans le jeu, la fiction, c'est qu'à un moment donné, ça rejoint, non pas le réalisme, mais l'impression de vérité... Avez-vous l'intention de projeter le film dans des centres de fin de vie, notamment à La Maison? Les premières personnes auxquelles nous avons présenté le film, c'est justement toute l'équipe de Gardanne. C'était la moindre des choses, parce qu'ils ont été très sollicités, je leur ai demndé et pris beaucoup de choses. Quasiment toutes les personnes de l'équipe soignante ont figuré ou joué dans le film. Donc, on a fait une première projection à Gardanne, il y avait toute l'équipe des soignants, mais aussi tous les malades, dont certains qui avaient joué dans le film. Pour moi, c'était une projection vraiment très risquée, je me disais: "Pour ces gens, c'est le quotidien, là, ils vont dire, c'est du cinéma, il n'a pas tout montré de nous..." Et pourtant, ils ont été bouleversés. Donc, c'est le cinéma qui l'a emporté quand même. Bien sûr, le film n'est pas exhaustif, il ne montre pas tout de La Maison, ce n'est pas un documentaire, mais par les sentiments, l'histoire d'amour qu'il présente, ils y ont retrouvé ce qui fait leur action depuis 1994, qui est essentiellement le fait qu'il faut se lier aux autres, se risquer à entrer en relation avec autrui. Et ils ont aimé aussi le fait que plus que les grandes idées, dans le film, ce sont les petites choses qui ont de l'importance. Les gestes, arriver simplement à prendre une main, à prendre du plaisir... Jamais la métaphysique, les grandes idées, les grandes discussions sur la vie et la mort, non, les petites choses, et puis cette question: "Comment faire que l'après midi qui vient, pour un malade, quelqu'un qui sait qu'il n'a plus longtemps à vivre, comment faire en sorte que cet après midid soit agréable, qu'il se passe quelque chose, ne serait-ce qu'une bonne conversation avec une infirmière, un bon café, une bon verre de martini sur une terrasse au soleil... Comment faire en sorte que les gens soient bien... Et c'est ce qu'on voit dans le film. Je l'ai construit tout entier sur les petites choses, jamais sur les grandes idées. Propos recueillis par Robin Gatto, Yannis Polinacci & Frédéric Leconte au Festival de Saint Jean de Luz |
LinksThe Bulletin Board > The Bulletin Board Blog Following News Interview with EFM (Berlin) Director
Interview with IFTA Chairman (AFM)
Interview with Cannes Marche du Film Director
Filmfestivals.com dailies live coverage from > Live from India
Useful links for the indies: > Big files transfer
+ SUBSCRIBE to the weekly Newsletter Deals+ Special offers and discounts from filmfestivals.com Selected fun offers
> Bonus Casino
Images de l'utilisateurAbout Editor
Chatelin Bruno
(Filmfestivals.com) The Editor's blog Be sure to update your festival listing and feed your profile to enjoy the promotion to our network and audience of 350.000. View my profile Send me a message Film InformationThe EditorUser contributionsUser links |