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Jeffrey Jeturian : Sexe, Bombas et PitopitoIl y a eu Lino Brocka et Ishmael Bernal (pour le cinéma d'auteur sociologique), Eddie Romero et Gerardo de Leon (pour le cinéma commercial); voici maintenant Jeffrey Jeturian, un jeune réalisateur qui, parti du soap opéra, s'est fait remarquer dans les festivals grâce à son deuxième film, Fetch a Pail of Water, émouvant récit de la vie dans les "barrios", les bidonvilles manillais. Le nouveau film de Jeturian, Tuhog/Larger Than Life, est en compétition à Venise dans la section Cinéma du Présent. Nous avons rencontré Jeturian à Udine 2001, où il nous a raconté ses étranges expériences télévisuelles et cinématographiques, et confié ses espoirs dans le nouveau cinéma philippin. Comment avez-vous débuté dans le milieu du cinéma philippin et quelles difficultés y avez-vous rencontrées? Mon envie de faire du cinéma remonte à mes années de lycée. C'est à cette époque que j'ai découvert les grands réalisateurs philippins, comme Lino Brocka, dont les films ont été sélectionnés au Festival de Cannes dans les années 70. Au début des années 80, j'ai fait des études en sciences de la communication -- il n'y avait pas encore d'écoles de cinéma aux Philippines. Mais comme je voulais vraiment devenir réalisateur, j'ai réussi à me faire engager à la télévision. J'ai débuté comme assistant producteur auprès de Marilou Diaz-Abaya, une réalisatrice qui a réussi à se faire remarquer dans les festivals internationaux. J'ai aussi travaillé comme superviseur de scénarios, chef décorateur, à la fois pour la télévision et le cinéma. J'ai enfin été assistant réalisateur avant de faire mon premier film. Mais avant cela encore, j'ai réalisé des soap opera pour la télévision. Si bien que quand on m'a enfin accordé un break pour faire mon premier film, les conditions étaient que je le fasse en 10 jours, avec vingt mille pieds de pellicule - ce qui représente environ 15 bobines -, et pour un budget de seulement 40 000 dollars. Mais ces conditions difficiles ne m'effrayaient pas; à la télévision, j'avais l'habitude de tourner un épisode de soap opera en deux jours et d'en faire le montage très, très vite. Pour le film, il fallait donc que je tourne 50-60 scènes en deux jours. Mais pour moi, ce fut plutôt un pique-nique par rapport au rythme de tournage de la télévision... (sourire) Finalement, mon premier film n'a pas bien marché au box-office mais a obtenu un très bon accueil critique. Ce premier film s'appelle Sana Pag-ibig Na... Oui, il s'agit d'un drame familial. Après la mort de son père, un jeune homme découvre qu'il avait une maîtresse et que cette dernière est enceinte. Au départ, il veut régler des comptes avec cette femme, mais il finit par en tomber amoureux et prend soin d'elle pendant sa grossesse... C'est une histoire assez simple mais assez mélodramatique! (rires) Bien que ce film n'ait pas marché au box-office, ma productrice, Lily Monteverde, a pensé que c'était un début assez prometteur et a décidé de financer mon second film, Fetch a Pail of Water. Mais les conditions de tournage étaient encore à peu près les mêmes: 50 000 dollars, 25 000 pieds de pellicule, et 13 jours de tournage. Juste pour vous dire comment c'était dur, pour la scène d'incendie finale, je n'ai eu le droit de dépenser que 500 dollars! (rires) Mais finalement je pense que c'est une bonne discipline, cela vous oblige à penser vos plans à l'avance, en fonction du montage. Mais le plus important reste le scénario, et tant que l'histoire est bonne, les qualités d'un film peuvent ressortir même si la facture en est un peu rude. Et je pense que mes trois films disent vraiment quelque chose sur la vie, sur la société et le peuple philippins. Il est aussi très encourageant de voir que, sans avoir les budgets et l'imagerie léchée d'autres films asiatiques, mes films sont assez bien reçus par le public. Etes-vous d'accord avec la formule qui décrit la culture philippine comme le produit de "400 ans de couvent et 50 ans d'Hollywood"? Oui. C'est pour ça que nous sommes une culture très confuse! (rires) L'Espagne nous a contrôlé grâce à la religion, et les Etats Unis grâce à leur système éducatif. N'oublions pas non plus les 5 ans de tutelle japonaise pendant la seconde guerre mondiale. Donc nous avons été beaucoup exposés aux cultures de l'étranger, et d'une manière ou d'une autre cela a profondément affecté le psychisme philippin. Tout ce qui vient de l'étranger nous semble supérieur à notre propre culture. Alors, nous imitons. Et depuis les années 50, le cinéma philippin n'a cessé d'imiter le cinéma hollywoodien. Si bien que tout ce qui a du succès aux Etats Unis est immédiatement reproduit aux Philippines... De plus, bien que nous soyons un pays catholique, il y a beaucoup de sexe dans nos films, ce qui en dit long sur notre confusion. Bien que nous soyons conservateurs, nous essayons pas mal de choses dans nos films... (rires) Cependant, je pense que tout réalisateur désireux de laisser une empreinte internationale se doit d'avoir un style personnel et de faire des films qui, en même temps, réflètent la culture dont il est issu. C'est ce qui se passe pour les réalisateurs asiatiques... Je suis par exemple un grand fan de Zhang Yimou, j'aime beaucoup Qiu Ju, Une Femme Chinoise. Un bon film reste un bon film, que ce soit dans son pays d'origine ou à l'étranger. Parce que je pense que l'humanité continue, quoi qu'il en soit, de cultiver des valeurs communes, comme l'amour, la famille... Quels souvenirs gardez-vous du cinéma des années 70 et 80, à l'époque de la dictature du général Ferdinand Marcos? Le gouvernement faisait croire aux philippins que tout allait bien, si bien qu'en dépit de la censure stricte qui régissait notre propre production cinématographique, il importait un grand nombre de films européens, américains et japonais pour le grand festival du pays. Tous ces films, très permissifs sur le plan de la sexualité, ajoutaient à notre confusion - nous n'avions pas le droit de représenter la sexualité à l'écran, mais en même temps, le sexe était fortement présent sur les écrans des festivals Philippins. C'était un peu comme le principe des jeux de cirques romains: satisfaire le peuple en détournant son attention. Et c'était tout à fait de cette manière que les autorités gouvernaient le pays. Quelques réalisateurs ont fait de la prison à cette époque... Oui, mais moins pour leurs films que pour leurs positions politiques. Parler de politique était évidemment interdit à l'époque. Ishamel Bernal a fait Manila by Night, un tableau très réaliste du Manille de l'époque. Ce film n'a pas du tout plus à l'épouse de Marcos, si bien qu'il n'a pas pu être présenté à Berlin. Et ce n'est qu'après un remontage sévère qu'il a pu aller dans d'autres festivals, sous un autre titre, "City after Dark". Même le film de Lino Brocka Bayan ko: Kapit sa patalim (1984) a été censuré, bien que Brocka eut de très bons contacts avec le Festival de Cannes. Tout ceci prouve que nous étions bien sous une dictature, mais cete époque m'a aussi permis de m'imprégner d'influences diverses grâce aux films de Truffaut, Bergman, Kurosawa, des alternatives intéressantes au cinéma commercial hollywoodien. La femme du président Marcos aimait le cinéma, le président Eric Estrada était un acteur... Il semble que le cinéma a toujours un rôle national aux Philippines! Oui, nous aimons tellement le cinéma, les acteurs. L'amour que les gens portaient à Eric Estrada en tant qu'acteur a certainement été un facteur déterminant dans son élection à la présidence des Philippines. Fetch a Pail of Water est un film assez sexy. Etait-il dans votre intention qu'il en soit ainsi? La première chose que m'a demandé ma productrice a été de faire un film sexy. J'ai pensé que le sujet pouvait tolérer une certaine dose de sexe, bien que ce fut là un compromis commercial de ma part. Mais les choses sont comme ça aux Philippines. Il y a toujours beaucoup de sexe dans nos films, même quand le sexe n'a rien à voir avec le scénario. Vous parlez ici des "bombas"... Oui, quand l'industrie du cinéma est au plus bas, ce sont les films érotiques, les bombas, qui sauvent la mise. C'est ce qui est encore en train de se produire actuellement. Car d'autres problèmes sont encore apparus dans le cinéma philippin, comme le piratage des films, le prix prohibitif des places, sans oublier la rude compétition des films hollywoodiens. Cependant, nous avons un nouveau comité de censure qui est très conservateur et qui risque de poser quelques problèmes aux producteurs et d'orienter le marché dans de nouvelles directions. Dans Fetch a Pail of Water, au travers du symbole de l'eau, vous nous faites pénétrer dans plusieurs couches de la société philippine... Votre remarque est intéressante, mais ce n'est pas quelque chose que j'ai fait consciemment. En fait, j'ai commencé et terminé le film avec l'eau, qui symbolise l'envie de vivre et les espoirs des personnages même après la perte de leurs logements. Le film montre l'énergie des habitants des barrios pour préserver des conditions de vie décentes. L'un des personnages principaux fait des commissions et vend aussi son corps pour gagner un peu d'argent. Il en est ainsi pour le petit peuple philippin: il est bien obligé de faire toutes sortes de petits travaux et d'activités pour résister aux dures conditions de vie urbaines. Anna Capri, l'actrice principale du film, est aussi une star de films érotiques aux Philippines... Oui. Fetch a Pail of Water est ce qu'on appelle un "pitopito", un film à petit budget tourné en une semaine. Or, mon producteur, en vertu d'un contrat d'exclusivité, fournit ce genre de films à une chaîne de télévision. Pour ces films, on fait généralement tourner un même cercle d'acteurs, or il se trouve qu'Anna Capri en fait partie. Il n'a donc pas été difficile de l'amener dans ce projet, même si elle n'avait pas vraiment conscience que ce film ne serait pas un film érotique ordinaire. Par la suite, après le tournage, après les bons résultats du film dans les festivals, elle est venue me trouver pour me remercier de l'avoir dirigée avec beaucoup de soin et de vigilance dans ce film. En règle générale, les autres réalisateurs ne lui faisaient faire qu'une prise par plan, et c'était tout. Mais pour ce film, nous avons beaucoup répété et approfondi son rôle avant le tournage, si bien qu'elle a été reconnue comme une actrice légitime par la suite ; elle a même remporté le Prix de la Meilleure Actrice au Festival CinéManille. Votre dernier film Tuhog (Larger than Life) est en compétition au Festival de Venise. Quel est en est le sujet? C'est l'histoire d'une mère et de sa fille qui ont toutes les deux été victimes de relations incestueuses. Un producteur de films s'intéresse à leur histoire et en tire un film très commercial qui révolte les deux femmes. Il s'agit, d'une certaine manière, d'une parodie du cinéma philippin et de l'importance que le sexe y prend. Au début du film, on voit le producteur approuver le projet et dire au réalisateur de faire un film aussi érotique que possible. Or, c'est ce qui m'est arrivé quand j'ai fait Fetch a Pail of Water! (rires) Donc, d'une certaine façon, ce film est aussi ma revanche sur mon producteur d'alors! Ironiquement, c'est le même qui a produit ce nouveau film! Quels espoirs placez vous dans la suite de votre carrière et dans l'avenir du cinéma philippin? Mon premier espoir est de pouvoir continuer de faire le genre de films que je fais. Et pour cela, il faut que je fidélise un public, au moins localement. Je voudrais que le public philippin revienne un peu plus aux films nationaux. Parce qu'une grande partie du public a perdu tout intérêt pour les films philippins. Seuls les grands mélodrames à la mode hollywoodienne s'en sortent encore au box-office. Moi, j'aimerais faire comprendre a public qu'il n'y a pas que ça, qu'il existe d'autres types de films, éloignés des formules et des conventions. Aussi, j'espère qu'il y aura bientôt une nouvelle vague de réalisateurs philippins capables de faire leurs preuves sur le plan international. Malgré leur nature commerciale, les pitopito permettent souvent à de jeunes réalisateurs de faire leurs premières armes dans le cinéma. J'espère que d'autres auront la même chance. L'industrie du cinéma philippin est en déclin en ce moment. La production, qui était d'environ 150 films il y a deux ans, est tombée à 150 l'an dernier, et elle sera probablement de 50 cette année. Ce déclin dure donc depuis plusieurs années, mais j'espère qu'il va bientôt prendre fin et que nous aurons à nouveau une industrie florissante - comme, actuellement, en Thailande. J'espère aussi vraiment que quelques films seront capables de percer le marché international pour donner de nouveaux moyens à nos producteurs et nous permettre de faire les films en lesquels nous croyons. Robin Gatto |
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