|
||
Pro Tools
FILMFESTIVALS | 24/7 world wide coverageWelcome ! Enjoy the best of both worlds: Film & Festival News, exploring the best of the film festivals community. Launched in 1995, relentlessly connecting films to festivals, documenting and promoting festivals worldwide. Working on an upgrade soon. For collaboration, editorial contributions, or publicity, please send us an email here. Connexion utilisateur |
Michael Radford L’Aime ChaudRéalisateur brillant (1984) et parfaitement francophile (même si cette interview s’est déroulée dans la langue de Shakespeare), Michael Radford a atteint sa plus grande reconnaissance internationale avec Il Postino (1994), un film qui lui avait valu plusieurs nominations aux Oscars. Entre Il Postino et Blue Iguana, Radford sombre dans une grande galère qui a pour nom… Miramax. Il nous revient aujourd’hui avec un film très sexy et émouvant, totalement indépendant et improvisé, et doté d’un casting brillantissime : Jennifer Tilly, Daryl Hannah... L’occasion de faire le point et de partager quelques anecdotes savoureuses avec un réalisateur enfin ressuscité… Que s’est-il donc passé avec B. Monkey ? Ce fut l’un de ces projets hollywoodiens maudits… Un réalisateur y avait déjà renoncé avant que j’arrive. J’ai fait ce film parce qu’à l’époque j’avais vraiment envie de tourner tout de suite après Il Postino et j’étais alors sous contrat avec Miramax. C’est d’ailleurs la seule fois que j’ai fait un film de commande. Comme la pré-production du film s’était déjà révélée problématique, j’ai réécrit le scénario et modifié certaines choses. Et tout s’est bien passé, le tournage, le montage, tout, Miramax adorait le film et ils étaient très confiants pour les séances-test. Avec Dancing at the Blue Iguana, vous avez fait un film basé à 100 % sur l’improvisation. Pourquoi ? Pour plusieurs raisons, en vérité. Premièrement, je n’avais pas envie de refaire un film dit « classique », après la mauvaise expérience de B. Monkey. Je voulais vraiment faire quelque chose de libre. Aussi, j’ai longtemps voulu travailler dans ce sens, car c’est comme la différence entre un beau morceau de musique classique et un morceau de jazz. J’ai toujours laissé les acteurs improviser un peu dans mes films, et j’ai été si souvent impressionné par ce qu’ils apportaient à leurs rôles que j’ai voulu faire un film entièrement basé sur les acteurs. Et récemment, j’avais relu le livre de Peter Brook, « La Porte Ouverte », qui dit : « Si vous n’avez pas le courage d’affronter ce grand vide devant vous et de vous y jeter, alors vous ne saurez jamais vraiment ce que signifie créer ». Donc c’est ce que j’ai voulu faire, affronter cette peur et faire un film, et je suis ravi d’avoir pu le faire. Mais ce n’était pas votre première expérience avec l’improvisation, n’est ce pas ? Vous vous rappelez sans doute d’un certain groupe d’employés du gaz… (Rire de surprise) Oh, mon dieu ! Oui, c’est un film que j’ai fait quand j’étais professeur à Edimbourg et qui m’a vraiment fait aimer le cinéma, en fait. C’est un film sur les 17 ans – les filles étaient des coiffeuses et les garçons des employés du gaz. Et tous ensemble nous avons fait ce film qui m’a permis d’entrer dans une école de cinéma et de poursuivre ma vocation. C’était un film assez brut, intense, réel. Il est perdu maintenant, mais c’était vraiment un film fort, pas très accompli techniquement, mais en tout cas assez puissant. Et vous avez souvent refait appel à l’improvisation dans la suite de votre carrière ? Tout le temps. Je n’estime pas que les dialogues d’un film sont nécessairement parfaits et inviolables. Sur mon premier film, Another Time Another Place, j’ai improvisé tout le temps. Comme je ne pouvais pas écrire en italien, les rôles des italiens ont été complètement improvisés par les acteurs. Je pense que l’improvisation peut être un outil très utile pour un acteur afin qu’il puisse s’oublier et vivre l’instant de jeu. L’improvisation est donc importante au cinéma, mais moins qu’au théâtre, parce que dans le cinéma, il y a toujours le montage, l’éclairage, la musique, le placement de la caméra qui soutiennent le jeu des acteurs en quelque sorte et qui font passer les petits défauts. Parfois, aussi, l’impro peut être dangereuse. Pour Il Postino, par exemple, j’avais un parfait improvisateur, un parfait comédien en la personne de Massimo Troisi. Mais finalement, j’ai du contenir ses élans parce que sous le coup de l’improvisation, il déviait complètement de la structure du film. Les comédiens ne sont pas très bons en matière de structure narrative. Ils prennent une situation et en font un gag, et oublient sa place dans l’ensemble. Donc Massimo oubliait toujours les dialogues que nous avions écrit et qui avaient pourtant de l’importance. Donc je l’ai laissé improviser, mais pas trop. Filmer en impro permanente implique en tout cas un tout autre style de jeu et de réalisation, et je ne pense pas que beaucoup d’acteurs aient vraiment envie de tenir des scènes de 10 minutes, en un plan, comme dans Blue Iguana. Mais filmer Blue Iguana, faire ce film comme je l’ai fait m’a procuré un plaisir que je n’aurais jamais pu obtenir autrement. Comment avez vous réuni votre incroyable casting ? J’ai commencé par passer des annonces à Hollywood. Et comme j’ai une certaine réputation en tant que directeur d’acteurs, pas mal d’acteurs sont venus aux auditions. Même des acteurs qui ne pouvaient pas jouer dans le film en raison de leurs emplois du temps sont venus aux auditions pour s’amuser. Qu’avez vous aimé chez Daryl Hannah ? Elle m’a vraiment beaucoup touché… Quand elle m’a dit qu’elle voulait se présenter aux auditions, je n’étais pas très enthousiasmé, je pensais qu’elle n’était pas une très bonne actrice. Et puis pendant les auditions, elle m’a tout simplement bluffé… J’ai aussi choisi une actrice sans expérience, Charlotte Ayanna, pour lui apprendre à improviser. C’était d’ailleurs assez dur… jusqu’au jour où elle a vraiment pris le coup et ce fut alors fascinant de la voir vraiment éclore et se transformer… Ensuite, donc, les acteurs ont écrit le scénario du film avec vous… C’est ça. Nous avons choisi le sujet du film tous ensemble. C’est une des actrices qui a proposé de faire un film sur un club de strip tease. J’ai pensé que c’était une bonne idée, car cela nous offrait la possibilité de faire un « huis-clos », comme on dit en anglais ! (Rires) L’endroit permettait d’avoir des situations de mise en scène contrôlables, et de traiter de toutes sortes de conflits et de questions de statuts entre les personnages. Et toutes les filles ont vraiment eu envie de faire cette histoire, alors elles ont commencé de créer leurs personnages et de rencontrer des strip teaseuses dans des vrais clubs de strip tease. Et puis nous avons travaillé sur ces personnages pendant plusieurs mois et créé des scènes pour chaque personnage. Et vous avez fini par ouvrir avec les actrices un vrai-faux club de strip tease ! Oui, à un moment, on s’est tous dit : « Bon, ouvrons le Blue Iguana, pour voir ! » (Rires) Donc a on ouvert notre propre club et je faisais venir des acteurs, je les faisais asseoir, les actrices commençaient leurs strip teases et j’observais les réactions. Et la plupart des acteurs n’en croyaient pas leurs yeux de voir Daryl Hannah effectuer un vrai strip tease devant eux! (Rires) Ces situations, parfois très étranges, ont permis d’enrichir encore plus le scénario. Ensuite, on a commencé de jouer des scènes basées autour de l’idée de conflit, de rivalité, et de ces scènes ont découlé quelques bloc narratifs supplémentaires du scénario. A un moment donné, vous avez téléphoné à Mike Leigh pour avoir ses conseils… (Sourire) En effet. Si je l’ai appelé, c’est parce que l’écriture de scénario finissait par créer de nouveaux personnages, et que j’avais alors besoin de nouveaux acteurs dont le temps de tournage serait cependant moindre que celui du premier groupe. Donc j’ai téléphoné à Mike Leigh, qui pratique beaucoup l’impro, et je lui ai dit : « Dis moi, quand tu fais des impros comme ça, combien de temps ça prend ? » « Ca peut durer une année » m’a t-il répondu. « Et ca t’arrive d’engager d’autres acteurs pour seulement 2/3 semaines ? » « Oui, très souvent » m’a t-il répondu. « Et comment ça se passe avec les autres acteurs ? » « Eh bien, je leur donne un résumé écrit de ce tout ce qui s’est fait avant avec les autres. Et pour te dire la vérité, il arrive parfois que ces acteurs soient encore meilleurs que les premiers ! » (Rires) Mais c’est vrai que quand un acteur dispose d’un background complet à son arrivée, il met moins de temps à évoluer dans son personnage que s’il avait d’abord tout à imaginer. La poésie joue un certain rôle dans le film, notamment avec le personnage de Sandra Oh. Parlez-nous de la poétesse Evelyn Lau, dont Sandra lit les poèmes dans le film… Evelyn Lau est une jeune poétesse sino-canadienne, ancienne prostituée et droguée. Elle n’a que 28 ans, mais c’est déjà une très grande poétesse, et Sandra Oh, qui est canadienne, la connaissait et voulait baser son personnage un peu sur elle. Quand elle m’a dit ça, j’ai commencé de lire des poésies d’Evelyn Lau et j’y ai découvert une grande profondeur, une grande intensité. L’idée première de Sandra était que son personnage n’était pas une très bonne poétesse, mais à mesure que nous avons travaillé sur son personnage, nous l’avons rendu de plus en plus sérieux. La scène à la fin du film où elle lit un poème d’Evelyn à la star de porno, est ma scène préférée. C’est une scène tournée en un plan, d’une durée de 9 minutes 45 secondes. L’autre poème du film, c’est moi qui l’ai écrit. Ce sont les deux seules choses du film qui ne sont pas improvisées, car c’est très dur, évidemment, d’improviser de la poésie. Blue Iguana prouve que vous êtes prêt à faire preuve d’un grand dévouement envers vos acteurs. D’ailleurs, sur un autre de vos films, 1984, vous vous êtiez même couvert le corps de rats pour rassurer une actrice… (Rires) Mon dieu, c’est vrai ! J’avais des rats partout sur le corps ! (Rires) Quand je tournais 1984, j’avais engagé une actrice pour une scène où une femme a le corps couvert de rats. Quand je lui ai demandé si elle avait peur des rats, elle m’a dit : « Non, non, ça va ». Mais quand le moment du tournage est arrivé, évidemment, elle en avait très peur ! Je lui ai alors demandé : « Qu’est ce qui pourrait vous inciter à le faire quand même ? » Et elle m’a dit : « Si vous, vous le faites ! » Je lui ai alors dit : « Non seulement je vais le faire, mais en plus, torse nu ! » (Rires) Et donc, j’ai enlevé mes vêtements, je me suis allongé devant toute l’équipe, et on m’a alors mis 24 rats sur le corps ! Et c’était d’ailleurs très intéressant, car je n’ai pas peur des rats et j’ai découvert en les regardant qu’ils adorent se cacher dans des endroits sombres, si bien qu’ils cherchaient à se blottir dans toutes les touffes de poils que mon corps pouvait arborer ! (Rires) Et pour Dancing…, à quelles nouvelles folies vous êtes vous prêté ? Un strip tease intégral ? Comment se sont faits les choix de mise en scène des séquences de strip tease ? J’ai d’abord filmé pas mal de répétitions en DVCAM. J’ai pensé faire le film aussi en DV, mais je me suis dit que le sujet du film était déjà assez sombre pour ne pas en rajouter avec une image vidéo un peu trop crue. J’ai donc finalement opté pour le « glamour » du 35 millimètre. Même si Festen est un film que j’adore, par exemple, je trouve que c’est un film assez dur à voir en salle à cause de l’esthétique vidéo. Je préfère le voir en VHS ou en DVD. Donc, quand nous nous sommes décidés sur le 35 mm, j’ai parlé avec mon chef-op, Ericson core – qui venait de faire deux films intimistes, Payback et The Fast and the Furious ! (Rires) - et nous avons décidé que nous filmerions soit caméra à l’épaule près des danseuses ou dans le fond du décor, sur pied. Les premiers jours, Ericson a couru partout caméra à l’épaule, essayant de tout filmer, et puis je lui ai dit : « Arrête ! Pose toi quelque part et essaie de sentir les danses… » Et finalement, nous avons filmé la plupart des danses avec une caméra fixe, un zoom, et un point actionné par radio. C’était génial… De la sorte, nous avons pu filmer la plupart des danses en un seul plan, parfois pendant près de 10 minutes. Pour chaque scène de danse, nous avons essayé de trouver une chanson qui donne une atmosphère précise. Nous avons eu quelques problèmes de droits – certaines chansons étant simplement trop chères – mais finalement je pense que chaque chanson a été un bon choix. Pour ce qui est des danses à proprement parler, l’objectif était, à mesure que l’histoire avançait, de se rapprocher de plus en plus des visages des actrices. L’idée était qu’au début, elles nous montrent leurs corps avant, progressivement, de dévoiler leurs âmes… Finalement, j’aime des réalisateurs qui font un cinéma différent du mien. Celui que j’admirais le plus étant plus jeune était Jean Luc Godard. Il faisait des films que je n’aurais même pas songé faire. Et anecdote amusante, après Another Time Another Place, j’ai reçu un télégramme de lui disant : « J’avais l’intention de faire un documentaire sur l’incapacité des anglais à faire encore de bons films, mais je viens de voir le votre et j’ai décidé de ne plus faire mon documentaire ». Ce fut très important pour moi, car j’ai alors réalisé que Godard était capable d’aimer des films bien différents des siens... (Rires) J’aime aussi Antonioni. Mais je pense que ma vraie référence en matière de cinéma est le cinéma tchèque des années 60, et Jean Renoir, des réalisateurs qui atteignent vraiment à l’âme des choses et des êtres. J’aime aussi beaucoup les premiers films de Milos Forman. Entretien réalisé par Robin Gatto & Yannis Polinacci |
LinksThe Bulletin Board > The Bulletin Board Blog Following News Interview with EFM (Berlin) Director
Interview with IFTA Chairman (AFM)
Interview with Cannes Marche du Film Director
Filmfestivals.com dailies live coverage from > Live from India
Useful links for the indies: > Big files transfer
+ SUBSCRIBE to the weekly Newsletter Deals+ Special offers and discounts from filmfestivals.com Selected fun offers
> Bonus Casino
Images de l'utilisateurAbout Editor![]() (Filmfestivals.com) The Editor's blog Be sure to update your festival listing and feed your profile to enjoy the promotion to our network and audience of 350.000. View my profile Send me a message Film InformationThe EditorUser contributionsUser links |