C'est un Tom Cruise resplendissant qui est venu présenter à la
presse son dernier film Vanilla Sky, thriller entre rêve et réalité,
remake d'un flm espganol d'Alejandro Amenabar Ouvre les Yeux. La superstar
était à Paris en compagnie de son réalisateur Cameron Crowe
(Jerry Maguire, Presque Célèbre) et de sa belle
Penelope Cruz (qui reprend dans ce film le rôle qu'elle tenait dans l'original).
Extraits de la conférence de presse la plus glamour du moment.
Vanilla Sky traite de la mémoire, du rêve et la perte
d'identité. En tant qu'acteur, vous arrive t-il jamais de confondre votre
vie, vos propres souvenirs, avec ceux de vos personnages?
Je ne souhaiterais en aucun cas perdre ma mémoire! C'est pour ça
que dans le film, j'aime le fait que David finisse par choisir une vie réelle.
Mais sinon, il est fascinant - et aussi terrifiant - de voir à quel point
la science est près d'accomplir ce qu'on voit dans le film.
Par ailleurs, j'ai beaucoup voyagé dans mon enfance, je suis allé
dans 15 écoles différentes, j'ai même vécu au Canada.
L'idée de faire un jour du cinéma, de jouer dans des films me
semblait aussi improbable que de faire un voyage sur Mars. Et puis à
19 ans, j'ai fait Taps, et me voilà aujourd'hui, acteur et producteur
de quelques films. Ma vie est comme un rêve, c'était mon rêve
de faire du cinéma, d'avoir ces occasions, et c'est extraordinaire de
les avoir vues se réaliser. Certes, il y a toujours des choses qui vous
rappellent à la réalité (sourire), mais je réalise
à quel point j'ai eu une vie extraordinaire jusqu'à présent.
A la fin du film, le personnage de David chute d'un gratte ciel. Avez-vous
jamais pensé enlever cette scène en raison des évènements
du 11 septembre?
Tom Cruise : Je pense que Cameron Crowe devrait répondre à cette
question, car c'est lui qui a pris la décision de garder cette scène.
Cameron Crowe : J'ai eu plusieurs fois l'occasion de modifier la fin du film,
et vous pouvez imaginer à quel point les évènements du
11 septembre m'ont amené à reconsidérer la fin du film.
Et puis, le film le comportait aussi une vue des tours jumelles du World Trade
Center... Je savais que d'autres réalisateurs avaient fait effacer le
World Trade Center de leurs films. Mais je ne voulais pas que les évènements,
aussi tragiques fussent-ils, changent notre vision du film, le message que nous
voulions établir. Il est effectif que le film a eu de véritables
répercussions sur l'opinion après les attentats. Mais Je pense
que c'est un film qui montre bien qu'il faut chérir la vie, embrasser
ce qui est réel, et la décision que prend le personnage de Tom
à la fin du film est très courageuse. Il va vers la vie...
TC : Ce que j'aime vraiment par rapport au film, c'est qu'il reste dans l'esprit
des gens, il provoque des interrogations, un vrai dialogue. C'est excitant de
faire partie d'un film qui provoque ça et qui à chaque nouvelle
vision est une nouvelle expérience. Je crois que les gens apprécient
le fait que nous ayions laissé ces images, que nous n'ayions pas baissé
les bras face à la réalité. Je crois que Cameron a pris
la bonne décision en gardant ces images.
Que ressentez-vous, par rapport à votre image de star, dans le fait
d'interpréter un personnage aussi narcissique que David?
J'aime les personnages que Cameron Crowe écrit. David est certes narcissique,
mais il est aussi solitaire. La scène où il court seul dans Time
Square symbolise d'une certaine manière sa condition. Je crois que Vanilla
Sky est aussi un film qui explore les effets de la "pop-culture"
sur la société. Cela est également apparent dans la scène
de Times Square, quand David est seul au milieu de tous ces panneaux publicitaires.
Personnellement, j'ai adoré jouer le rôle de David, c'était
un vrai défi. C'est très excitant de jouer des scènes que
Cameron a écrites, scénarisées. Il sait vous emmener dans
les territoires de la comédie noire, du drame, de la comédie romantique.
C'est un film ambitieux, mais qui propose une expérience toute subjective
aux spectateurs. Peut-être les spectateurs quittent-ils la salle en pensant
à leur propre vie. C'est en tout cas ce que nous voulions, que les gens
sortent du film en se posant des questions sur les personnages et sur eux-mêmes:
"Est-ce que j'aurais fait la même chose? Aurai-je agi différemment?"
Je crois que le voyage de David souligne le fait que beaucoup de gens, dans
leur vie, ne réflechissent pas aux conséquences de leurs actes
sur la vie des autres et n'en assument pas les responsabilités. Je crois
que c'est vrai partout, au travail, dans le cercle familial, parmi ses amis.
David n'est pas un sale type ; mais il est irresponsable et ne réalise
pas ce qu'il laisse dans son sillage. Ce qu'il fait a le même effet qu'une
pierre jetée dans une mare. Il n'a pas l'intention de nuire à
autrui, mais comme vous le savez, dans la vie, cela arrive parfois même
sans qu'on le veuille. A la fin du film, David contemple l'étendue de
sa vie, accepte les responsabilités de ce qu'il a commis. Et je pense
que ce faisant, il accepte enfin la vie réelle.
Vanilla Sky est le remake d'Ouvre les Yeux d'Alejandro Amenabar.
Quel regard portez-vous sur le film d'Amenabar et quelles modifications avez-vous
souhaité y apporter avec Cameron?
Cameron et moi sommes tous les deux fans du film d'Amenabar. Quand je l'ai
vu, j'étais littéralement rivé à mon siège.
J'ai immédiatement tenu à le revoir, et pour cela j'ai appelé
Cameron. Je crois que ce que Cameron voulait faire, c'était apporter
sa propre voix au film. Et ce faisant, il a instauré un véritable
dialogue entre les deux films. C'est comme si on avait deux réalisateurs
qui discutaient par films interposés de l'amour et du cinéma.
Je crois que les deux films proposent des thèmes universels et qu'ils
restent encore ouverts à de nouvelles interprétations. Personnellement,
j'ai trouvé très, très excitant de voir Cameron apporter
sa voix propre au film d'Alejandro, et de voir ce dernier découvrir le
film de Cameron! (Sourire)
Que ressent-on lorsqu'on joue avec un masque tel que celui que vous portez
dans Vanilla Sky?
C'ets le masque le plus incommodant, le plus difficile que j'ai jamais eu à
porter. Parce que je devais jouer avec, ce n'est pas seulement un masque qu'on
met et qu'on enlève. J'avais beaucoup de dialoque avec ce masque, et
heureusement que Cameron m'a aidé et soutenu, car c'était vraiment
pas évident.
Vous avez produit Les Autres de Alejandro Amenabar, maintenant vous
jouez dans un remake d'Ouvre les Yeux. Pourquoi ne pas maintenant venir
en Europe et jouer dans des films de metteurs en scène européens?
J'aimerais beaucoup. Mais on ne m'a pas encore proposé de scénario...
Alors je produis! (Sourire) Mais vous savez, aux Etats Unis, on appelle Cameron
Crowe le meilleur réalisateur Européen-Américain! (Rires)
Parlez-vous un tant soit peu l'espagnol depuis votre rencontre avec Penelope
Cruz?
(Rires) (dans un espagnol sympathiquement américain) Si, si! Donde está
Penelope? Como está, Penelope? (Rires) Te quiero, Penelope...
Propos recueillis par Yannis Polinacci & Frédéric
Leconte
Traduction : Robin Gatto