Lancement du livre La Biennale internationale des jeunes artistes. Paris, 1959-1985

Paula Barreiro-Lopez (université Toulouse Jean-Jaurès), Elitza Dulguerova (université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Catherine Gonnard (Institut national de l’audiovisuel)

Fruit d’un programme de recherche inédit mené pendant quatre ans à l’Institut national d’histoire de l’art, La Biennale internationale des jeunes artistes. Paris (1959-1985), sous la direction d’Elitza Dulguerova, est le premier ouvrage dédié à cette manifestation. Il s’accompagne d’un portail numérique de recherche dans les archives de la Biennale.

La Biennale de Paris

En 1959, la première Biennale internationale des jeunes artistes ouvre ses portes au musée d’Art moderne de la Ville de Paris, rejoignant le cercle alors très restreint des grandes manifestations internationales spécialisées en art contemporain. Son ambition était de renforcer la place de la capitale française sur la scène artistique mondiale. Confrontée à maintes difficultés dès sa fondation, cette institution, dont l’organisation et le fonctionnement ne cessèrent de se transformer en vingt-six années d’existence, a néanmoins réussi à donner à voir l’art en train de se faire, à une époque où la guerre froide et de nombreux régimes dictatoriaux limitaient la circulation des gens, des œuvres et des idées.

Un programme de recherche inédit

Dédié aux enjeux de l’exposition dans l’art du xxe siècle, le programme de recherche « 1959-1985, au prisme de la Biennale de Paris » mené à l’INHA entre 2017 et 2021 par Elitza Dulguerova, alors conseillère scientifique au sein du domaine « Histoire de l’art du xviiie au xxie siècle », s’est démarqué par son caractère inédit. À l’heure où les biennales d’art contemporain se multiplient sur la scène artistique internationale, il manquait une recherche qui pensait la Biennale de Paris dans son ensemble. Ce projet a rassemblé, comme seule l’histoire de l’art peut le faire, des acteurs venant d’horizons divers, qui ont travaillé en étroite collaboration : universitaires, conservateurs, jeunes chercheurs, artistes, témoins de l’époque… Un partenariat sans précédent s’est alors monté entre les institutions concernées par la manifestation : les Archives de la critique d’art (ACA) et la bibliothèque Kandinsky (Musée national d’Art moderne – Centre Pompidou) qui conservent l’intégralité des fonds d’archives issus des activités de cette Biennale, et l’Institut national de l’audiovisuel (INA) qui détient de précieuses ressources audiovisuelles, témoignages de la collaboration entre l’ORTF/RTF et la Biennale de Paris. Ce partenariat a notamment donné lieu à une exposition temporaire entre juin 2021 et janvier 2022 dans trois salles de la collection permanente du Musée national d’Art moderne. Cette exceptionnelle mise en commun des ressources et du travail collaboratif de spécialistes issus de divers champs montre tous les potentiels méthodologiques que recèle l’histoire de l’art.

Un ouvrage mêlant témoignages et approches transdisciplinaires

À la croisée de plusieurs champs disciplinaires, l’ouvrage retrace autant d’histoires institutionnelles, culturelles, politiques, sociales que de pratiques artistiques et de médiums variés : photographie, son, film, vidéo, performance, peinture, architecture, installation… Il traverse des scènes artistiques internationales : le Mexique, le Japon, la Chine, l’Espagne, les pays du continent africain, de l’Amérique latine, les pays qui se trouvaient derrière le « rideau de fer » lors de la guerre froide, comme la Pologne, la Hongrie, la Roumanie ou la Bulgarie. Il s’agit ici de suivre la chronologie de la Biennale de Paris selon des axes thématiques afin de mieux comprendre l’histoire des arts visuels et de leurs transformations dans la seconde moitié du xxe siècle, pour mieux appréhender la scène artistique actuelle. Communiqué de presse I Institut national d’histoire de l’art – 3 Loin de vouloir aspirer à une exhaustivité – la Biennale comptabilise près de 6 000 participations de 75 pays en 26 ans d’existence –, l’ouvrage offre une pluralité de points de vue thématisés et problématisés.

L’enjeu est d’observer de près les moments-clés d’une histoire discontinue, de saisir des processus à l’œuvre, de considérer les réussites aussi bien que les failles, les impensés, voire les échecs, d’observer l’articulation entre pratiques artistiques et enjeux idéologiques dans cette période de l’histoire récente, de 1959 à 1985, marquée par des tensions géopolitiques, ainsi que par d’importantes transformations des pratiques artistiques. En ne se contentant pas d’étudier la réception locale et immédiate des événements et de la présentation des œuvres ou des actions qui y sont montrées, en ne se limitant pas aux enjeux institutionnels et diplomatiques, sans pour autant les négliger, l’ouvrage met au jour les principales tensions entre les dimensions nationales et internationales propres à ce type de manifestation collective, révélatrices de ce qui peut orienter les parcours individuels des artistes et leur visibilité.

Il met l’accent sur les rapports complexes entretenus par la politique et l’esthétique, notamment dans le cadre des relations conflictuelles entre les deux blocs Est et Ouest, entre le Nord et le Sud, ou entre les métropoles, les colonies et les anciennes colonies, en élargissant en particulier le point de vue vers l’Asie, l’Afrique et les Amériques. En montrant comment il ne s’agissait pas seulement « de faire venir le monde à soi », il s’inscrit dans une histoire de l’art pleinement globalisée, qui part de la singularité d’un foyer pour en faire surgir un ensemble de réseaux qui demeuraient jusque-là largement méconnus.

Enfin, l’ouvrage met en valeur la façon dont ce qui constitue « l’art contemporain » a pu fluctuer et s’ouvrir à de « jeunes » pratiques qui figurent aujourd’hui pleinement dans un ensemble devenu de plus en plus interdisciplinaire. Les questions fondamentales qui se sont posées à chaque édition de la Biennale – Que retient-on ? Comment se fait une sélection ? Que ou qui laisse-t-on de côté, et pourquoi ? – et qui ont chaque fois suscité des réponses différentes, sont ici analysées de manière fine et ne valent pas seulement pour une histoire rétrospective de l’art. Elles contribuent puissamment à nourrir notre approche de l’art et de ses œuvres, de ce que nous en retenons aujourd’hui.Communiqué de presse I Institut national d’histoire de l’art – 4

Cet ouvrage est publié sous la direction d’Elitza Dulguerova.

Avec les textes de Mathilde Arnoux, Clélia Barbut, Paula Barreiro López, Jérôme Bazin, Marion Bélouard, Caroline Bissière, Caroline Bodolec, Jean-Louis Boissier, Estelle Bories, Aurore Buffetault, Pauline Chevalier, Juliane Debeusscher, Elitza Dulguerova, Lilian Froger, Irina Genova, Mica Gherghescu, Catherine Gonnard, Alanna Heiss, Hélène Jannière, Justine Jean, Klara Kemp-Welch, Jean-Hubert Martin, Federica Milano, Catherine Millet, Maureen Murphy, Françoise Nicol, Alfred Pacquement, Agata Pietrasik, Jean-Marc Poinsot, Magda Predescu, Julia Raymond, Julie Sissia, Piotr Słodkowski, Guillaume Soulez, Annabela Tournon Zubieta, Anne Zeitz.

À propos du portail numérique 

Le portail numérique [bdp.inha.fr], accessible à toutes et tous gratuitement, est un outil utile pour les chercheurs et les étudiants. Il réunit les 5 892 dossiers de participation d’artistes à la Biennale de Paris (1959-1985) actuellement conservés sur deux sites physiquement éloignés : les Archives de la critique d’art (collection de l’INHA) à Rennes et la bibliothèque Kandinsky (MNAM-CCI – Centre Pompidou) à Paris. Le portail de recherche permet de croiser les données relatives aux participations des 5 801 artistes répertoriés (individus ou groupes) pendant les vingt-six années d’existence de la Biennale grâce à des filtres qui tiennent compte du sexe, de l’âge de l’artiste, des pays de participation, de l’année de participation, du type d’artiste (individu ou groupe) ou de participation (personnelle ou collective), des différentes catégories de création représentées à la Biennale, etc. Un filtre spécifique (type de biennale) permet de limiter la recherche aux seuls participants des biennales d’architecture tenues dans le cadre de la Biennale de Paris de 1980 à 1985.

À propos d’Elitza Dulguerova

Elitza Dulguerova est maîtresse de conférences à l’université Paris I – Panthéon-Sorbonne. Entre 2016 et 2021, elle a été conseillère scientifique à l’Institut national d’histoire de l’art, où elle a dirigé le programme de recherche « 1959-1985, au prisme de la Biennale de Paris » ; en 2021, elle a participé au commissariat de l’exposition « Un espace pour autre chose : la Biennale de Paris » au Musée national d’Art moderne – Centre Georges-Pompidou. Ses recherches portent sur les relations entre art et exposition au xxe siècle et sur l’imaginaire social de l’art. Elle a publié Usages et utopies : l’exposition dans l’avant-garde russe prérévolutionnaire (1900-1916) en 2015. De 2017 à 2021, en tant que conseillère scientifique en histoire de l’art contemporain à l’INHA, elle a dirigé le programme de recherche « 1959-1985, au prisme de la Biennale de Paris » comprenant un séminaire international (2017-2019), un carnet de recherches [bdp.hypotheses.org], une exposition Un espace pour autre chose : la Biennale de Paris, 1959-1985 au MNAM-Centre Pompidou, le traitement des fonds d’archives de la Biennale, le portail de recherche numérique [bdp.inha.fr] et, désormais, l’ouvrage collectif La Biennale internationale des jeunes artistes. Paris (1959-1985), coédité par l’INHA et Les Presses du réel. 

Événements

Lancement de La Biennale internationale des jeunes artistes. Paris (1959-1985)

Le 21 novembre À l’Institut national d’histoire de l’art – Auditorium Jacqueline-Lichtenstein (Paris) 18 h – 20 h

Pour célébrer la parution du premier ouvrage sur la Biennale de Paris, des projections de films et d’émissions télévisuelles proposeront de parcourir cette manifestation à travers quelques moments choisis parmi ses vingtsix années d’existence. Ce parcours fera écho à la multiplicité de lectures historiques déployée dans le livre, selon que l’on privilégie la dimension internationale de la Biennale, les formes d’art exposées, la réception des œuvres, le contexte géopolitique ou l’histoire des institutions.

Avec la participation de Catherine Gonnard, Paula Barreiro-López, Elitza Dulguerova.

Le 29 novembre À la bibliothèque Kandinsky (MNAM – Centre Georges Pompidou) (Paris) 18 h 30 – 21 h

Lancement du livre La Biennale internationale des jeunes artistes, Paris (1959-1985) et du Portail numérique de recherche dans les archives de la Biennale de Paris [bdp.inha.fr] Avec la participation de : Mathilde Arnoux, Jérôme Bazin, Katia Bienvenu, Elitza Dulguerova, Federico Nurra. Modération : Mica Gherghescu.

Le 30 novembre À l’université Rennes II, Campus Villejean (salle B332) (Rennes) 13 h 30 – 16 h 30

Rencontre organisée par les Archives de la critique d’art et l’UR 1279 Histoire et critique des arts : « Au retour de la Biennale de Paris (19591985) … bilans et perspectives de recherche ». Avec la participation de Nathalie Boulouch, Elitza Dulguerova, PierreYves Laborde, Laurence Le Poupon, Federica Milano et, en visio, Morad Montazami et Odile Burluraux ; modération et accueil : Antje KramerMallordy, Hélène Jannière, Marie Tchernia-Blanchard.