J’emploierais volontiers cette parabole : si vous marchez à côté de votre père et qu’il tombe le visage dans la boue, que faites-vous ? Vous l’aidez à se relever et vous lui essuyez le visage avec votre veste ou votre chemise. Le visage de mon père, c’est l’islam, j’ai essayé de l’essuyer avec mon film en montrant une culture musulmane tolérante et hospitalière, pleine d’amour et de sagesse... Bref, une image qui ne cadre pas avec l’image de l’islam véhiculée par les médias suite au climat d’hystérie post- 11 septembre 2001. Le fondamentalisme, l’intégrisme sont un miroir déformant de l’islam.
Ce film est une humble tentative pour rétablir le vrai visage de l’islam. Dès lors, je ne vois pas plus urgent comme thème que celui-là ; redonner un visage à des centaines de millions de musulmans qui sont souvent, pour ne pas dire toujours, les premières victimes du terrorisme fondamentaliste.
Bien que ce soit un film fondé sur la tradition soufi qui nous remplit de joie et d’amour, c’est aussi un film éminemment politique, un acte conscient.
C’est un devoir aujourd’hui de montrer autre chose de l’islam, sinon chacun va étouffer à cause de son ignorance de l’autre. C’est la peur qui étouffe les gens, non la réalité. Il y a en France aujourd’hui près de 5 millions de musulmans. C’est une forme d’hospitalité que de découvrir le vrai visage de son voisin. L’hospitalité ne veut pas seulement dire recevoir et donner à manger, l’hospitalité signifie d’abord l’écoute. Vous ne pouvez pas recevoir quelqu'un chez vous, l’accueillir et l’ignorer. La première règle de l’hospitalité, c’est l’écoute. Pour moi, ce film favorise cette écoute et plus loin, une véritable rencontre. Voir ce film est une forme d’hospitalité envers son voisin. C’est vrai que le prince est penché sur l’eau mais il ne voit pas son propre visage comme Narcisse, car celui qui voit son reflet dans l’eau n’est pas capable d’amour. Le prince contemple l’invisible, son âme. Nous sommes tous comme un iceberg, dont seulement un dixième est visible et le reste est caché sous l’eau. Le thème du prince est un thème que j’ai découvert grâce à une assiette peinte en Iran au XIIème siècle. Elle représente le dessin d’un prince penché sur l’eau avec l’intitulé : “le prince qui contemplait son âme”. J’ai perçu cette image comme quelque chose que je devais continuer, c’est pour ça que le tournage en Iran m’a paru évident. Répondre à un artiste du XIIème siècle par un film. D’ailleurs le hasard, ou autre chose, a fait que nous avons tourné à Kachan, ville d’origine de cette assiette… Le film par sa construction essaie d’aider le spectateur à oublier son propre ego, à l’effacer pour mieux s’ouvrir à la réalité du monde.
Il est construit sur un schéma semblable aux visions racontées par les derviches. Il emprunte leurs danses en spirale, comme les derviches tourneurs. Les personnages changent mais le thème reste unique : l’Amour. Toutes sortes d’Amour. Et comme le dit Ibn Arabi “Mon coeur est devenu capable de prendre toutes les formes ; il est pâturage pour les gazelles et couvent pour le moine, temple pour les idoles et Kaaba pour les pèlerins. Il est les tables de la Torah et le livre du Coran. Il professe la religion de l’amour quel que soit le lieu vers lequel se dirigent ses caravanes. Et l’amour est ma loi et l’amour est ma foi”.
Comments (1)
a very deep movie,
a very deep movie, wonderful
nacer khemir is a great moviemaker, a great storyteller either
this film is teaching and transmission together
the one who wathc this film is not the same after it
mystery, dream, adventure, magic, kindness
lovingkindness as we say in buddhism : all is there
what else in needed ?
i wish him good fortune and to be the winner of this competition