Arrivée dimanche 19

J'avais voulu quitter Paris suffisamment tôt pour arriver à la station avant la nuit tombée et avoir le temps de faire une petite ballade dans la neige... Evidemment, je n'ai pas su tenir ma résolution de me couche de bonne heure la veille et j'ai donc pris le volant avec 5 heures de sommeil au compteur.

Quelle idée de partir en voiture, me direz-vous, alors qu'il y a des tgvs directs pour Bourg-St-Maurice ! C'est que l'office de tourisme de Val d'Isère, qui m'accueille comme une princesse, ne peut cependant pas défrayer le voyage. Or, c'est encore les vacances pour les parigots et les trains sont hors de prix... Déjà en temps normal, les tarifs de la SNCF sont dissuasifs...J'ai donc mis de coté, le temps d'un trajet, mes prétentions de citoyenne respectueuse de l'environnement... En fait, la voiture me revenait moins cher surtout parce que j'avais trouvé un covoitureur, quelqu'un qui partagerait le trajet avec moi jusque Lyon...

Ce quelqu'un s'est avéré être un black, la trentaine, très cultivé, grâce à qui je n'ai pas vu le temps passer. En général, on tombe sur des gens sympa quand on « covoiture » : des gens fauchés car ils se battent pour vivre de leur passion... passion qui les amène à se déplacer.

A mon arrivée à la station, il neigeait à gros flocons. Et ce matin il neige toujours ! Je ne vais donc pas aller faire du ski de piste mais du ski de rando (l'ascension active et lente m'évitera de ressentir les morsures de la neige, augmentées par la vitesse).

De toute façon, je ne bénéficierai que de 2 jours de forfait pour les remontées mécaniques. Non, l'office du tourisme n'est pas pingre, au contraire : au départ, il devait prendre mon séjour en charge pour 2 jours seulement. Je leur ai dit que pour rentabiliser le déplacement, j'allais rester encore quelques jours à ma charge, et eux, ils se sont arrangés pour m'offrir hébergement et matériel de ski pour la semaine entière !

J'ai donc posé mes bagages dans mon studio de l'Alpina Lodge, toute nouvelle résidence hôtelière 4 étoiles, garé ma voiture hors de la station, pris mes skis, fait des courses au Petit Casino (petit mais cher !) et fait le tour de la station.

Je n'étais jamais allée dans une station aussi belle, toute en pierre et en bois ! Pas mal branchouille, aussi ! Beaucoup d'anglais, beaucoup de gens bien sapés, qui « consomment » à gogo après le ski...

Il est maintenant midi, je me suis levée tard, et je vais vite partir skier avant que les festivités commencent, sur les coups de 18h....

Voilà ma première journée qui touche à sa fin... Il est 21.30 et je suis sagement rentrée dans mon studio pour me faire à manger. Je suis affamée, après une ascension de plusieurs heures en ski de rando dans une neige fraichement tombée ! J'avais sagement décidé de longer une piste noire plutôt que de m'aventurer seule dans les espaces vierges... Méconnaissance du territoire, risques d'avalanches et timing serré... D'ailleurs, je n'ose imaginer la situation si j'avais tracé vers des sommets isolés : arrivée au sommet de la piste noire, je retire mes peaux et je shifte mes fixations en mode descente. Et là, les boules, une des fixations est mal réglée et ne cale pas le talon ! Impossible de descendre à ski. Heureusement j'étais à coté du téléphérique, où je me suis dépêchée de demander un tournevis. Comme 17 h approchait et qu'ils ne trouvaient pas de tournevis, je suis descendue par les cables... Quelle frustration ! Mais je ne pouvais pas être en retard pour l'ouverture du festival !

Je suis arrivée au Centre de Congrès pile à temps. Quelle salle gigantesque ! Et pleine de spectateurs ! Et deux caméras pros filmant la scène avec retransmission sur des écrans... C'est vraiment pas un festival de loosers, ça !  

On commence par le 3ème numéro de Trip Box, une série sur les sports extrêmes, réalisée par un collectif de Bourg-St-Maurice. Une bande d'amis qui n'ont pas froid aux yeux partent filmer leurs exploits en ski freeride (hors-piste extrême) et en base-jump. Chacun est équipé d'un casque-caméra et les rushes sont montés et intégrés entre des séquences de film d'animation par un graphiste talentueux, pour créer au final un monde futuriste et assez glauque où des jeunes, affalés dans des pièces sombres, se shootent aux sensations fortes, grâce à des lunettes chargées d'images scotchantes... La drogue de demain ?

Ensuite, le présentateur, Sylvain Tesson, un écrivain géographe, rassemble les membres du jury sur la scène : Pierre Tardivel (guide de haute montagne et skieur extrême), Daniel du Lac (grimpeur), Isabelle Vayron (photographe reporter) et la présidente, Céline Géraud (journaliste sportive). Les présentations sont brèves mais suffisantes pour me convaincre des talents d'orateur de Sylvain Tesson. Quelle verve !

On démarre ensuite avec le premier film en compétition : Qhapaq Nan. Pendant un an et demi, un jeune couple de marcheurs suit la trace du Qhapaq Nan, la route royale des Incas, de l'Equateur à l'Argentine. Chacun prend la caméra à tour de rôle et, loin de se contenter de filmer les paysages, ils s'attardent sur leurs sautes d'humeur, sur leurs galères, sans se soucier de ne pas se montrer à leur avantage. C'est qu'ils ont le sens de l'humour et de la simplicité. C'est sans doute ces atouts qui leur ont donner la force d'aller jusqu'au bout de leur route.

Les moments d'intimité, ils comptaient les garder pour eux, pour leurs archives personnelles, car ils n'envisageaient pas que France 5 puisse en être friand. Eh oui, ils ont réussi à intéresser France 5 par l'originalité de leur projet : premier parcours intégral et documenté d'un trésor du patrimoine mondial menacé de disparaître. Selon eux, le meilleur moyen de préserver cette route serait de favoriser un tourisme éco-culturel où des marcheurs viendraient en sillonner des portions.

Le film compte 3 épisodes, déjà diffusés sur France 5, mais le 3ème épisode ne nous a pas été dévoilé et nous a laissé sur une note de suspens...

A la sortie du film, j'apprends qu'un réalisateur rencontré quelques mois plus tôt me propose un petit rôle dans sa série Pigalle, suite à une erreur de casting. Et le tournage a lieu vendredi ! Tant pis, je sais où sont mes priorités, je décide de rentrer à Paris jeudi soir... Comme quoi, c'est bien vrai que dès qu'on s'éloigne du centre de ses intérêts, les opportunités nous tombent dessus...

A demain !